11 mars 2008

annedebalam
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Les attentats du Onze septembre
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Daniel Pipes, le héro-prophète du 11 septembre

Avant le 11 septembre

Daniel Pipes est celui qui, tel le héro du film Independance Day face à la menace extra-terrestre, avait tout compris avant les attentats du 11 septembre. Il avait compris l'ampleur de la menace, désigné Ben Laden et Al-Qaïda, dénoncé leurs intentions et méthodes diaboliques, protesté contre la lâcheté et la mollesse occidentale. Il avait compris le danger mortel représenté par l'islamisme et le nationalisme palestinien. Il avait posé la question : ces peuples dont les pères louent les attentats-suicides commis par les fils appartiennent-ils encore la race humaine ? Daniel Pipes avait préconisé à l'avance les méthodes reposant sur la guerre offensive qui ont finalement été appliquées en réaction aux attentats du 11 septembre, en abandonnant la justice et le droit.

Munis d'un tel avertissement, comment ne pas comprendre que 19 kamikazes armés de leur fanatisme, de cutters et de couteaux de poches, financés et entraînés par Al-Qaïda et Oussama Ben Laden, n'aient pas été capable de lancer trois avions de lignes remplis de passagers innocents dans les tours du Word Trade Center et le Pentagone, même s'ils ont échoués avec le quatrième avion grâce au courage d'héroïques citoyens américains passagers du quatrième avion qui ont donnés leur vie pour éviter un quatrième attentat effroyable ? Comment ne pas croire à ce sénario que l'on croirait tout droit sorti d'Hollywood ?

Daniel Pipes est le héro-prophète du 11 septembre. Il a d'ailleurs été reconnu comme tel devant le peuple tout entier. Il est devenu, après les attentats, l'expert champion du nombre d'invitations sur les plateaux des chaînes de télévisions et de radio : 110 émissions de télévision et 450 émissions de radio dans l'année qui a suivi les attentats, entre le 11 septembre 2001 et le 11 septembre 2002.

La preuve de sa prescience apparait dans le florilège qui suit, de ses articles publiés avant le 11 septembre.

Après le 11 septembre

Après le 11 septembre, entre deux invitations à la télé ou à la radio, Daniel Pipes a écrit ce qu'il fallait en penser.

L'information était bien là, mais les forces de l'ordre et les hommes politiques n'ont pas voulu la voir. L'heure est venue de sévir, et durement, contre tous ceux qui sont liés à cette infrastructure de la terreur. (13 septembre dans le Wall Street Journal repris par Courier International).

Une région, toutefois, fit notoirement exception à cette attitude solennelle générale: le Moyen-Orient, où la journée prit des airs de gigantesque fête. [...]Pourquoi tant de rage contre l'Occident, et contre les États-Unis en particulier? Parce que deux idéologies extrémistes étendent leur emprise sur la majeure partie du Moyen-Orient, voire au-delà: le nationalisme palestinien et l'islamisme. [...] Le fait que les nationalistes palestiniens et les islamistes aient si crûment révélé leur hostilité envers les États-Unis montre bien quelles sont leurs positions et leurs intentions. Il y a là une leçon évidente à tirer pour les Occidentaux: nous savons maintenant où se trouvent certains de nos pires ennemis. Des années durant, les gouvernements occidentaux ont naïvement cru pouvoir apaiser ou peut-être simplement ignorer ces mouvements extrémistes. Aujourd'hui, après des milliers de morts, nous savons au moins à quel point ils se trompaient. (Jerusalem Post, 14 septembre 2001).

Nous connaissons maintenant la nature de l'ennemi : il est l'héritier «de toutes les idéologies meurtrières du XXe siècle (...) et s'inscrit dans la ligne du fascisme, du nazisme et du totalitarisme» . L'Afghanistan est son refuge. Nous connaissont maintenant la brutalité de l'ennemi : ses dirigeants «ordonnent de tuer des Chrétiens et des Juifs, de tuer tous les Américains, sans faire de distinction entre les militaires et les civils, sans épargner ni les femmes ni les enfants». Les détournements d'avions du 11 septembre constituaient des «actes de guerre». Il ne s'agissait pas d'actes criminels, mais d'éléments d'une opération militaire concertée lancée par Al-Qaida, «un réseau de terroristes», et par les gouvernements qui le soutiennent. (Jerusalem Post, 26 septembre 2001)

Guerre, guerre, guerre, sans retenue. Retournons à la civilisation caïnique ("Caïn sera vengé sept fois, Et Lémec soixante-dix-sept fois", chapitre 4, verset 23 de la Genèse -- celle qui a très mal fini, engloutie par le déluge -- "Et l'Éternel dit: J'exterminerai de la face de la terre l'homme que j'ai créé, depuis l'homme jusqu'au bétail, aux reptiles, et aux oiseaux du ciel; car je me repens de les avoir faits." chapitre 6, verset 7 de la Genèse) en abandonnant toute sagesse biblique ("oeil pour oeil, dent pour dent", chapitre 21 verset 24 de l'Exode). Une telle transgression des principes bibliques les plus élémentaires révèle une position aussi fondamentalement anti-judaïque et anti-chrétienne qu'elle est anti-islamique.

Les éléments matériels ne confirment pas nos préjugés ? Faisons fi des éléments matériels.

Le terrorisme n'est pas une affaire pénale. C'est une guerre. Nous devons y répondre par la guerre avec nos soldats, nos avions, nos navires. Il faut renoncer aux attentes irréalistes actuelles en matière de preuves à charge de sorte que lorsque des indices raisonnablement fondés indiquent qu'un régime ou une organisation a agressé des Américains, les forces armées des États-Unis puissent intervenir. Il faut répliquer à chaque attaque avec une vigueur disproportionnée. Les États-Unis disposent d'une puissance militaire sans égale dans le monde : pourquoi lui consacrer des centaines de milliards de dollars par an et ne pas s'en servir pour protéger les Américains ? La voie militaire requiert un engagement à long terme qui exigera des Américains d'importants efforts, durant de longues années. La sécurité des Américains ne dépend pas de leur défense mais de leurs offensives, pas de leurs victoires à la barre mais sur les champs de bataille. (National Review, 1er octobre 2001)

Ci-après sont repris quasi intégralement et commentés des articles de Daniel Pipes avant et après le 11 septembre.

Tous les textes cités sont accessibles à partir de http://fr.danielpipes.org/art/year/all

Avant le 11 septembre

Le terrorisme en accusation par Steven Emerson et Daniel Pipes, Wall Street Journal, le 31 mai 2001 :

Article à propos du verdict de culpabilité rendu par un jury fédéral de New York envers quatre complices des attentats contre les ambassades des États-Unis au Kenya et en Tanzanie. On a condamné des lampistes. Al-Qaida, mené par Oussama Ben Laden garde toute sa capacité de nuir et prépare de nouvelles attaques contre les Etats-Unis.

Malheureusement, ce procès n'améliorera guère la sécurité des Américains. Le groupe Al-Qaida, mené par le trop célèbre Oussama Ben Laden, qui perpétra les atrocités en question en Afrique de l'est, ne sera pratiquement pas affecté par la perte de quatre exécutants. En effet, des renseignements récents indiquent qu'Al-Qaida non seulement prépare de nouvelles attaques contre les États-Unis, mais étend de surcroît son rayon d'action à des nations comme la Jordanie et Israël.

Les dizaines de milliers de pages du procès, qui n'ont malheureusement pas intéressé la presse,

fournissent une image complète et révélatrice d'Al-Qaida, indiquant qu'il s'agit bien là de l'organisation terroriste la plus meurtrière au monde.

Ils veulent ni plus ni moins que la destruction totale de notre civilisation pour instaurer chez nous la loi islamique.

Ces pièces montrent qu'Al-Qaida considère l'Occident en général et les États-Unis en particulier comme l'ennemi ultime de l'Islam. Encouragés par leur victoire contre l'Union soviétique en Afghanistan dans les années 1980, les leaders d'Al-Qaida aspirent à une victoire similaire contre l'Amérique, et espèrent à terme y instaurer la loi islamique. Pour atteindre ces objectifs, ils se livrèrent à de nombreuses attaques sur des cibles américaines entre 1993 et 1998. L'un des éléments d'information les plus frappants révélés lors du procès est la possible connexion entre Ben Laden et l'attentat à l'explosif du World Trade Center de New-York, en 1993.

Les preuves présentées au procès montrent qu'Al-Qaida constitue une organisation faîtière réunissant de nombreux groupements islamistes, dont le Hezbollah (Liban), le Jihad islamique (Égypte), le Groupe islamique armé (Algérie) ainsi qu'une foule d'Irakiens, de Soudanais, de Pakistanais, d'Afghans et de Jordaniens. Chacun des groupes est en mesure d'effectuer son recrutement et ses opérations de manière autonome.

Les groupes sont coordonnés par le biais du «Conseil de Shura» d'Al-Qaida, une sorte de comité directeur incluant des délégués des différents groupes. Ceux-ci se rencontrent régulièrement en Afghanistan pour passer en revue et approuver les opérations proposées. La plupart d'entre eux ont maintenu des relations étroites après la guerre d'Afghanistan contre les Soviétiques. Ils se connaissent bien et collaborent efficacement.

Al-Qaida est une hydre tentaculaire monstrueuse et inhumaine. On lui coupe une tête, d'autres ses régénèrent. Les coups qui lui sont portés ne l'affectent pas. Elle continue même à s'étendre.

Le procès nous a appris que lorsque les opérations sont stoppées à un endroit, le reste du réseau poursuit ses activités pratiquement sans être affecté. Même si Ben Laden lui-même était tué, ce réseau islamiste survivrait et continuerait de s'étendre, porté par sa cohésion idéologique. L'islamisme est en même temps le ciment qui unit ces groupes et la passion qui les anime.

Les dossiers de justice révélèrent d'autre part que, bien que Ben Laden assume un rôle dirigeant dans l'élaboration et le financement d'Al-Qaida, l'organisation a également largement bénéficié de parrainages étatiques. Par exemple, le président soudanais Omar Bashir en personne autorisa Al-Qaida à exercer ses activités dans son pays et lui accorda une autorisation spéciale l'exemptant des taxes locales et des droits d'importation. Plus remarquable encore, il affranchit l'organisation du respect des pouvoirs publics locaux. Grâce à l'intervention d'officiels du gouvernement iranien, des armes et des explosifs modernes furent mis à la disposition des membres d'Al-Qaida au Liban, où ils apprirent, par exemple, comment détruire de grands bâtiments.

Ils utilisent nos propres ressources pour nous combattre :

Les révélations peut-être les plus déconcertantes du procès concernent l'ancrage d'Al-Qaida en Occident. Ainsi, son réseau d'acquisition de matériel comme des jumelles de vision nocturne, des équipements de construction ou des téléphones GSM et satellite se trouvait essentiellement aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en France, en Allemagne, au Danemark, en Bosnie et en Croatie. Les produits chimiques achetés en vue de fabriquer des armes chimiques provenaient de la République Tchèque.

Pendant les longues attentes entre les attaques terroristes, les membres des organisations d'Al-Qaida maintiennent leurs structures opérationnelles sous le couvert de sociétés paravents et d'organismes caritatifs et religieux à but non lucratif. Ces groupes non gouvernementaux, dont la plupart sont toujours en fonction, sont basés essentiellement aux États-Unis et en Grande-Bretagne ainsi qu'au Moyen-Orient. La Société caritative du Qatar (Qatar Charitable Society) a ainsi, parmi d'autres, servi de banque à Ben Laden pour la récolte et le transfert de fonds.

Oussama Ben Laden a également mis sur pied un système structuré de cellules autonomes dans une série de villes américaines dont Brooklyn, N.Y.; Orlando, Fla.; Dallas; Santa Clara, Calif.; Columbia, Mo., et Herndon, Va.

Ces informations donnent lieu à plusieurs conclusions. D'abord, nous devrions considérer Al-Qaida non pas comme une organisation dominée par un individu, mais comme un «Internet» islamiste mondial possédant des passerelles et des points d'accès dans le monde entier.

Ensuite, nous constatons qu'Al-Qaida est capable d'agir partout dans le monde. Il faut surtout relever ses succès aux États-Unis et en Europe, où il recrute principalement (comme l'a montré le procès) parmi les immigrants musulmans. Les implications légales de ce fait sont aussi sérieuses que délicates. Il s'agit là de toute évidence d'un nouveau domaine auquel la justice aura à consacrer le meilleur de ses efforts.

Le temps du droit, de la justice, de la recherche de la vérité des faits est dépassé. Nous sommes en guerre. Foin de précaution, portons la guerre à l'étranger, chez tous ceux qui abritent et soutiennent les terroristes.

Vue d'ensemble

Finalement, ce procès montre que les procès, seuls, ne suffisent pas. En réduisant le problème d'Al-Qaida à sa seule dimension pénale, le gouvernement des États-Unis permet à un arbre de lui cacher la forêt. Oui, les agents d'Al-Qaida commettent des délits, mais il est plus juste de les considérer comme des soldats que comme des criminels. Pour combattre Al-Qaida et les autres groupes terroristes, il faut comprendre qu'ils (et quelques États avec eux) ont tacitement déclaré la guerre aux États-Unis. Ainsi, nous devons les combattre comme si nous étions en guerre.

Le fait de considérer les actes de terrorisme comme des batailles, et non comme des crimes, permet d'améliorer l'approche du problème par les États-Unis. Cela signifie que, comme dans une guerre conventionnelle, l'on déploie d'abord les forces armées américaines, et non ses policiers et ses hommes de loi, pour assurer la protection des Américains. L'armée nous défendra à l'étranger, plutôt que de traîner des exécutants de bas étage devant les tribunaux américains. Si un malfaiteur n'est pas identifié avec précision, ceux dont nous savons qu'ils donnent refuge aux terroristes seront sanctionnés. Ainsi, les gouvernements et les organisations qui soutiennent le terrorisme, et non seulement les individus qui opèrent sur le terrain, auront à payer le prix de leurs actes. Ainsi, les Américains obtiendront une sécurité qui à présent leur échappe, peu importe le nombre de victoires de haut vol que ses juristes peuvent remporter à la barre.

Tout cela était publié dans les Wall Street Journal trois mois avant les attentats du 11 septembre. En voilà un visionnaire, quelqu'un qui a tout compris de la méchanceté de Ben-Laden et d'Al Quaida, de ses intentions diaboliques, quelqu'un qui avait vu et dénoncé la naïveté et la faiblesse des moyens employés pour y faire face, quelqu'un qui préconisait dés avant les attentats les moyens d'actions qui n'ont été pris qu'après coup. Voilà un bon candidat au titre du héro du 11 septembre, celui qui a vu la menace en face, et, comme le prophète, l'a clairement dénoncée, mais qui n'a été écouté qu'après l'attaque qui donnait raison à ses avertissements.

Ben Laden et Herndon, Virginie par Daniel Pipes, Jerusalem Post, 20 juin 2001

Il est inutile de rechercher les preuves objectives. Il suffit de croire Daniel Pipes sur parole.

Le terrorisme islamiste affecte aujourd'hui la presque totalité des nations occidentales, et la situation menace d'empirer. L'une des raisons en est l'agressivité des radicaux islamistes; une autre est à trouver dans la mollesse de la réaction occidentale. J'ai moi-même fait l'expérience de l'un et de l'autre de ces problèmes la semaine passée.

L'histoire débute en 1998, lorsque John Miller, d'ABC News, chercha à obtenir une interview avec Oussama Ben Laden en Afghanistan. En quête d'un intermédiaire, ses producteurs trouvèrent Tarik Hamdi, de Herndon, en Virginie, un journaliste selon ses dires qui aida à établir les contacts nécessaires et accompagna ensuite l'équipe de reportage d'ABC News en Afghanistan.

Or il devait s'avérer que Hamdi avait ses propres raisons pour se rendre sur place: il devait remettre à Ben Laden une pile de rechange pour le lien vital avec le monde extérieur qu'est pour lui son téléphone satellite. Depuis les confins de l'Afghanistan, Ben Laden ne pouvait pas simplement commander une pile de rechange et se la faire livrer par courrier rapide. Il avait besoin de quelqu'un qui pourrait lui amener l'objet sans se faire soupçonner. C'est ainsi qu'un des proches assistants de Ben Laden commanda une pile de rechange, le 11 mai 1998, et la fit envoyer au domicile de Hamdi, à Herndon. Hamdi s'envola pour l'Afghanistan avec Miller le 17 mai et remit la pile en question en main propre à son destinataire réel peu de temps après.

Un peu plus de deux mois plus tard, deux bombes explosaient presque simultanément aux ambassades américaines du Kenya et de Tanzanie, tuant 224 personnes et en blessant des milliers.

Lorsque le gouvernement américain fit comparaître quatre des auteurs de l'attentat devant un tribunal de New York City, il mit en exergue le téléphone fonctionnant grâce à la pile de Herndon. L'adjoint du procureur Kenneth Karas l'appela «le téléphone que Ben Laden et les autres utiliseront pour mener leur guerre contre les États-Unis.» Le procès permit également d'établir l'importance centrale de Hamdi pour Ben Laden.

Cinq mois plus tard, un jury déclara les quatre accusés coupables de la totalité des 302 charges pesant contre eux, confirmant ainsi l'interprétation du rôle de Hamdi.

C'est ici que j'entre en scène.

En expliquant ce verdict dans l'édition du 31 mai du Wall Street Journal, dans un article dont je partageait la signature avec Steven Emerson, je soulignait la légitimité de cette issue tout en relevant que cela n'allait pas améliorer sensiblement la sécurité des Américains. En effet, pour vaincre Ben Laden et son gang meurtrier, le gouvernement américain devra déployer les forces armées, et pas uniquement des policiers et des hommes de loi.

Notre article attirait ensuite l'attention des lecteurs sur la masse d'informations rendues publiques dans le cadre du réquisitoire, précisant que Ben Laden avait également «mis sur pied un système structuré de cellules autonomes» dans six villes américaines, dont la petite ville de Herndon, une allusion à Hamdi.

Saisissant cette référence, Jeannie Baumann, journaliste du Herndon Observer, nous contacta afin d'en savoir plus. Emerson lui expliqua le rôle de Hamdi et lui recommanda à plusieurs reprises de consulter les procès-verbaux complets du procès, publiés sur Internet. Mais Baumann dédaigna le conseil en répliquant que son journal n'était «pas équipé pour gérer ce genre d'informations». Au lieu de mener une enquête, Baumann se tourna vers le chef de la police de Herndon, Toussaint E. Summers Jr., pour recueillir son opinion. Ce dernier appela à son tour le FBI, qui ne lui répondit pas. De cette absence d'information, Summers conclut ingénument qu'il «ne semble y avoir rien de vrai» dans l'hypothèse d'un lien entre Ben Laden et Herndon.

Une opinion que Baumann décida de soumettre au Conseil des relations américano-islamiques (Council on American-Islamic Relations, CAIR) pour obtenir sa réaction. Ibrahim Hooper, le porte-parole de cette organisation islamiste (et à l'occasion apologiste de Ben Laden) brandit aussitôt la déclaration du chef de la police pour affirmer que notre article du Wall Street Journal était inexact et préjudiciable aux Musulmans. L'article de Baumann parut le 15 juin sous le titre «La police et les Musulmans réfutent tout lien entre Herndon et le terrorisme».

Cet épisode illustre bien trois aspects problématiques de la réponse occidentale à la violence islamiste: les forces de l'ordre refusent d'accepter le fait que le fléau ait atteint leur juridiction. Les journalistes manquent à leur devoir de recherche préliminaire nécessaire pour mettre au jour les cas qui se déroulent dans leur propre région. Et les organisations islamiques les plus en vue nient de manière éhontée l'existence du terrorisme islamiste et calomnient quiconque tente de faire la lumière sur cette hideuse réalité.

Pour stopper Ben Laden et sa bande de meurtriers, il faudra davantage de vigilance de la part des officiers de police comme Summers, un meilleur journalisme que celui de Baumann et l'intervention résolue de Musulmans modérés qui arracheront le microphone des mains d'extrémistes comme Hooper.

La menace des djihadistes [suicidaires], par Daniel Pipes, Jerusalem Post, 27 juillet 2001.

Nous y voilà. On avait oublié d'évoquer le danger que représentent les djihadistes suicidaires, les kamikazes. Un avion égyptien qui décolle de New-York en 1999 et s'écrase en mer, ça tompe à point pour évoquer le sujet : ces fanatiques relevant de la tradition musulmane millénaire des "Assassin", qui ne rèvent que martyr afin de monter jouir des houris au paradi d'Allah. Ce sont des barbares, venus d'une autre civilisation devenu folle ! Peu importe que le pilote égyptien n'ait été nullement suicidaire. On a même ici une évocation subliminale des kamikazes en avion à New-York !

Peu de temps après qu'un avion d'Egyptair se soit écrasé dans l'Atlantique au décollage de New York, en octobre 1999, faisant 217 victimes, son copilote fut soupçonné d'avoir provoqué intentionnellement l'accident.

La réaction égyptienne fut très ferme: impossible, les Égyptiens ne se suicident pas. «Le suicide est un acte auquel ni les Égyptiens ni les Musulmans ne sont enclins», répondit-on à la direction de l'association des pilotes.

Les leaders islamistes (ou fondamentalistes musulmans) des États-Unis insistèrent sur le fait que le copilote, un Musulman fidèle à sa foi, n'aurait pas pu commettre un suicide. «Le suicide est un grave péché pour l'Islam», expliqua Maher Hathout, l'imam du Centre islamique de Los Angeles. Ibrahim Hooper, du Conseil des relations américano-islamiques (Council on American-Islamic Relations, CAIR), déclara que le suicide «est en désaccord avec les croyances et les pratiques islamiques».

En quelque sorte. Le Coran dicte en effet aux Musulmans: «Ne vous enlevez pas la vie» et avertit que ceux qui désobéiront à cette règle seront «précipités dans les flammes». Le prophète Mahomet est supposé avoir dit qu'un suicidé ne peut pas pénétrer au paradis. Les lois islamiques condamnent cette pratique.

Cet interdit religieux a eu l'effet souhaité. Selon Franz Rosenthal, interprète et expert du sujet, «le suicide a été relativement rare» au sein des communautés musulmanes traditionnelles. Dans l'Égypte actuelle, les statistiques confirment que le suicide est un événement exceptionnel.

Mais ce n'est là qu'une partie de la vérité car, dès qu'il s'inscrit dans le cadre du djihad (guerre sainte), le suicide est considéré par les islamistes comme non seulement légitime, mais même hautement recommandable. Aller en guerre vers une mort certaine, affirment-ils, n'est pas un suicide (intihar) mais un acte de martyre (istishhad), une forme très respectée de sacrifice de soi, dans la voie divine, une manière de s'attirer les faveurs des houris du paradis.

Une autorité islamique de premier plan, le cheik Yusuf al-Qaradawi, expliqua récemment la distinction en ces termes: les attaques visant l'ennemi ne sont pas des attentats suicides mais «des actes de martyre héroïques» dans lesquels les kamikazes sont «animés non pas par le désespoir et le désarroi, mais par un désir irrésistible de répandre la terreur et la crainte dans le coeur des oppresseurs».

En d'autres termes, les islamistes abominent le suicide motivé par des raisons personnelles et admirent celui commis au nom du djihad. Si le copilote d'Egyptair a fait s'écraser son avion parce qu'il était déprimé par la maladie de sa fille, il brûlera en enfer pour l'éternité. S'il a fait cela pour tuer des Américains dans la banlieue de Long Island, son acte pourrait grâce aux yeux des islamistes.

Le suicide djihadiste existe depuis près d'un millénaire. Les Assassins, membres d'une secte de fanatiques religieux qui connut une période florissante au XIIe siècle, transformèrent cet acte en un puissant instrument de guerre grâce auquel ils éliminèrent des douzaines de leaders et marquèrent de leur empreinte la politique d'une vaste région durant plusieurs décennies.

Comme l'explique l'historien Bernard Lewis, les missions suicides des soldats Assassins avaient un air caractéristique et familier: «(...) en terrassant ainsi les oppresseurs et les usurpateurs, ils fournissaient une preuve ultime de leur foi et de leur loyauté, et entraient aussitôt en béatitude éternelle.»

À l'époque contemporaine, nous devons la réapparition du suicide djihadiste à un projet iranien qui débuta par l'attaque à l'explosif de l'ambassade irakienne de Beyrouth en 1981, qui fit 27 victimes, et fut suivi d'une longue série d'attentats visant des installations américaines au Moyen-Orient, lesquels coûtèrent la vie à 19, 63 et 241 Américains. Pendant les huit ans que dura la guerre avec l'Irak, Téhéran envoya quantité de jeunes soldats en mission de déminage puis célébra leur mort comme celle de martyrs.

Les Iraniens parrainèrent également une campagne d'attentats suicides contre l'armée israélienne au sud du Liban, entre 1983 et 1985, qui contribua largement à motiver le recul de ces troupes jusqu'à proximité des frontières libanaises. Et Téhéran poursuivit cet effort par la suite. Le Djihad islamique, son principal allié anti-israéliens parmi les Palestiniens, se plaignait en 1995 déjà de souffrir d'un problème lancinant: «Nous avons trop de candidats au martyre et trop peu de ressources pour les préparer tous.»

L'Autorité palestinienne (AP) remarqua à son tour l'efficacité de cet instrument de guerre iranien et l'adopta récemment, exhortant chacun, des écoliers aux criminels endurcis, à sacrifier sa vie en se ruant à l'attaque contre Israël. Les volontaires furent nombreux. Ces actes ont indigné les Israéliens tandis qu'ils suscitaient une vague de soutien enthousiaste en faveur des Palestiniens dans tout le Moyen-Orient.

Le danger est considérable: l'Autorité palestinienne de Yasser Arafat's s'est maintenant approprié avec succès une méthode qui restait jusqu'ici l'apanage du régime islamique de Khomeiny, montrant que le suicide djihadiste peut constituer un instrument flexible à la disposition d'un grand nombre d'États voyous musulmans non islamistes (tels que l'Irak, la Syrie ou la Libye), voire de certaines organisations terroristes.

Il s'agit là d'une nouvelle cause d'inquiétude, pour tout un chacun, en provenance du Moyen- Orient.

Les islamistes ne sont pas moins dangereux quand ils sont modernes, par Daniel Pipes, Jerusalem Post, 8 août 2001

Ils se fondent parmis nous, lisent et apprécient Shakespeare, goûtent notre culture, mais ne vous y fiez pas, ils n'en restent pas moins des barbares assouffés de notre sang.

Un Musulman fondamentaliste me déclarait un jour : "J'écoute Mozart, je lis Shakespeare, je regarde Comedy Channel et je crois aussi à l'avènement de la Shari'a (la loi islamique). Cette invraisemblable combinaison peut paraître excentrique, mais elle ne l'est pas. Le fondateur du Jihad Islamique, une organisation fondamentaliste (ou plus précisément Islamiste) responsable d'innombrables meurtres, se vantait de prendre plaisir à la lecture de Shakespeare. L'ayatollah Ali Khamenei, le personnage le plus influent du gouvernement islamiste d'Iran, manifeste une tendresse bien connue pour le barde de Stratford.

Plus généralement, les extrémistes islamiques sont portés à bien connaître l'Occident (à l'exception principalement de ceux d'Arabie Saoudite et d'Afghanistan) pour en avoir appris les langues, étudié les cultures ou y avoir vécu. Une proportion importante d'entre eux (tels les chefs des organisations islamistes turque et jordanienne) sont des ingénieurs. Dans une déclaration lancée depuis sa cellule de la prison de Manhattan, le cerveau de l'attentat du World Trade Center évoquait, avec une pointe de sarcasme, les lois de la physique de Newton. Ceci met en évidence une réalité importante, encore que peu connue : en dépit de leur haine intense pour l'Occident, les Islamistes entretiennent des liens étroits avec lui. Ce ne sont pas des paysans vivant dans une campagne reculée, mais des individus évolués, totalement inscrits dans la modernité et souvent diplômés d'université. Dotés d'un bagage occidental et confrontés à la vie moderne, ils sont en quête du savoir de l'Occident et admirent son efficacité.

Les Islamistes, paradoxalement, connaissent à peine leur propre culture et souvent la méprisent. Azir al-Azmeh, un spécialiste de l'Islam, note qu'ils sont "totalement indifférents à l'expérience historique des Musulmans et au caractère historique de leur loi". Malgré leur dessein de récréer la société du temps du Prophète, ils attachent peu de prix à l'Islam traditionnel - la foi profondément gratifiante de près d'un milliard de fidèles - et encore moins à sa connaissance. Le vaste corpus du savoir coranique les laisse froids, tout comme les poètes lyriques persans et les splendides mosquées égyptiennes. A leurs yeux, non moins qu'à ceux d'un bureaucrate suédois en charge de l'assistance ou d'un économiste de la Banque Mondiale spécialiste du développement, le monde musulman est un endroit arriéré qui appelle d'urgence une réforme à travers l'adoption de méthodes occidentales.

Que les Islamistes visent non un ordre islamique traditionnel mais une variante -au parfum islamique- d'un mode de vie occidental est parfaitement perceptible dans leur conception de la religion, de la politique et de la loi. Leurs idées concernant les femmes sont sans doute les plus révélatrices. Malgré leur obstination à les voiler et à les punir en cas de relations sexuelles hors mariage, les Islamistes épousent en fait une approche s'apparentant davantage au féminisme de type occidental qu'à un quelconque schéma islamique.

L'homme musulman traditionnel tirait gloire du fait de garder son épouse à la maison (dans les foyers aisés, les femmes ne sortaient presque jamais). A l'opposé, les Islamistes évoquent fièrement la "libération des femmes" et l'organisation dirigeante des états musulmans appelle au "respect de la dignité et des droits des femmes musulmanes ainsi qu'au renforcement de leur rôle dans tous les aspects de la vie sociale". Jadis le voile ne servait qu'à protéger la vertu d'une femme ; aujourd'hui il facilite aussi l'objectif féministe qu'est la poursuite d'une carrière. Et il représente encore davantage pour certains Musulmans qui affirment trouver le voile attirant (sexy). Shabbir Akhtar, un écrivain britannique, le voit engendrer "une véritable culture érotique, dispensant du besoin d'excitation artificielle que procure la pornographie". Même les restrictions islamistes imposées aux femmes découlent des modèles occidentaux. Comme le fait remarquer As'ad Abu Khalil de l'université d'état de Californie, "ce qui passe, dans l'Arabie Saoudite d'aujourd'hui, pour du conservatisme sexuel tient davantage au puritanisme victorien qu'aux moeurs islamiques".

Les Islamistes sont donc malgré eux des adeptes de l'Occident. Quelle que soit la direction dans laquelle ils se tournent, ils finissent par lorgner vers l'Ouest. Les hommes arborent des T-shirts proclamant "L'Islam est la solution". Les femmes portent des blue jeans sous leur chadors et scandent "Mort à l'Amérique". Tout en rejetant ostensiblement l'Occident, ils l'acceptent dans le même temps.

Cet état de fait a deux conséquences. Aussi réactionnaire qu'il soit dans ses visées, l'islamisme embrasse des idées et des institutions qui ne sont pas seulement modernes mais aussi occidentales. Le rêve islamiste d'expurger le mode de vie musulman de ses habitudes occidentales est voué à l'échec.

Mais surtout, l'hybride qui en résulte est plus vigoureux qu'on ne le croit. Les opposants à l'islamisme, Musulmans et non-Musulmans confondus, le balayent trop souvent comme une volonté passéiste de se préserver de la vie moderne et se rassurent en prédisant son abandon au fil des avancées de la modernité. Cette espérance est illusoire, car l'islamisme séduit irrésistiblement les Musulmans aux prises avec les défis du monde moderne et son utopisme totalitaire a encore un énorme pouvoir de nuisance.

L'islamisme demeurera une force pour un certain temps encore. Ses adversaires ne peuvent se contenter de rester passifs et d'attendre sa chute, mais doivent combattre activement ce qui est devenu un fléau quasi mondial.

Faire Reculer les Forces de la Terreur, par Daniel Pipes et Steven Emerson, Wall Street Journal, 13 août 2001

Face aux attentats kamikases sauvages qui la frappent, la retenue israélienne est admirable, aujourd'hui et tout au long des huit dernières années. Mais on peut se demander quand le gouvernement se décidera à défendre ses citoyens plus efficacement ? Le gouvernement américain devrait donner carte blanche à Israël pour protéger ses citoyens et l'encourager à prendre des mesures contre la sauvagerie terroriste. Le temps est également venu pour les États-Unis d'apporter leur soutien à Israël en repoussant les forces de la terreur. Le temps est venu pour les États-Unis de stopper les activités des organisations terroristes sur son territoire, même si elles n'ont pas l'obligeance de porter leur vrai nom.

La pizzeria est située à l'intersection d'une des voies piétonnières les plus fréquentées d'Israël et elle était littéralement grouillante de familles lorsque le terroriste palestinien y pénétra discrètement, jeudi dernier. Se plaçant de façon délibérée au milieu d'enfants et de bébés, il fit exploser le paquet plein de clous et de billes qu'il portait, se déchiquetant lui-même ainsi que 16 Israéliens, et mutilant plus de 100 autres personnes. Moins de deux heures plus tard, le Djihad islamique et le Hamas revendiquaient ensemble ce massacre. Plus tard dans la journée, des milliers de Palestiniens manifestaient joyeusement à Ramallah pour célébrer le carnage. Afin de prouver qu'il avait effectivement commandité cette action, le Hamas fit circuler une photo du porteur de bombe avec une Kalachnikov dans une main et le Coran dans l'autre.

Politique de retenue

Le massacre de jeudi et l'attentat à la bombe d'hier au restaurant de Haïfa font suite à quelque 80 attentats-suicides ou tentatives d'attentats à la bombe perpétrés par des Palestiniens contre des civils israéliens (et américains) depuis la signature des accords d'Oslo en 1993. Le massacre de la semaine dernière amène le total des Israéliens tués par des Palestiniens à plus de 450 depuis septembre 1993.

Cette violence contrevient de manière flagrante aux accords d'Oslo, par lesquels les Palestiniens ont renoncé à l'utilisation de la force et ont promis de n'utiliser que des moyens politiques pour atteindre leur but. Pire, l'Autorité palestinienne (AP) a parrainé une infrastructure terroriste de proportions effrayantes, avec des appels télévisés réguliers aux candidats à l'attentat-suicide et un véritable arsenal d'armes automatiques, de grenades, de mortiers, de roquettes Katioucha et de missiles anti-tanks. Les derniers mois ont montré que les civils israéliens sont pris pour cibles tant par les propres forces de l'AP (Tanzim, Force 17 et les combattants du Fatah) que par des organisations illégales telles que le Hamas, le Djihad islamique, le Hezbollah, Oussama Ben Laden, le Front Populaire de Libération de la Palestine et le Front Démocratique pour la Libération de la Palestine.

En dépit de cette flambée de violence, la plupart des Israéliens continuent d'espérer qu'un accord sera trouvé. En effet, même en mai dernier quand fut commis le pire attentat de la série, tuant 21 adolescents israéliens, les autorités de Jérusalem n'ont pas réagi, dans l'espoir de parvenir à un règlement. Et les interventions menées par Israël vendredi dernier fermeture de quelques immeubles palestiniens à Jérusalem et destruction totale d'un poste de police vide constituaient plus une action symbolique qu'un véritable effort sécuritaire. La retenue israélienne est admirable, aujourd'hui et tout au long des huit dernières années. Mais on peut se demander quand le gouvernement se décidera à défendre ses citoyens plus efficacement?

De son côté, le gouvernement américain doit cesser de répéter la rengaine du retour à la table de négociation (ainsi que vient de le faire Colin Powell en réponse à l'attentat à la bombe de Jérusalem). Au lieu de cela, il devrait donner carte blanche à Israël pour protéger ses citoyens et l'encourager à prendre des mesures contre la sauvagerie terroriste.

Le temps est également venu pour les États-Unis d'apporter leur soutien à Israël en repoussant les forces de la terreur. Les USA sont touchés très intimement par l'attentat de la pizzeria. Non pas seulement parce que ce restaurant fait partie d'une chaîne basée à New-York. Ni parce qu'au moins deux des victimes sont américaines, y compris une enseignante enceinte d'une école de Passaic (New Jersey). Le lien avec l'Amérique est beaucoup plus profond: l'existence même du Hamas et du Djihad islamique dépend largement de l'organisation et du financement organisés par des individus vivant aux États-Unis. Cela peut paraître choquant, voire incroyable. Mais plusieurs éléments relient bel et bien le Djihad islamique et le Hamas à l'Amérique:

www.qudscall.com. Comme d'autres groupes de terroristes islamiques, le Djihad islamique a créé des sites Web dans l'oasis de sécurité offerte par l'Occident. Ses deux premiers sites sont enregistrés et hébergés à Houston, au Texas (par une organisation appelée Web Site Source, Inc) et à Toronto au Canada. Le site basé aux États-Unis est à l'origine des communiqués militaires du groupe, dont ceux revendiquant la responsabilité d'actions terroristes. De plus, qudscall.com appelle aux armes: «Notre lutte, en Palestine, contre les fils d'Israël est un combat civilisationnel, idéologique, historique et existentiel. Notre guerre contre eux est longue et difficile. Notre fondement est le Coran. Notre voie est le Djihad.» D'autres passages sont plus explicites, appelant au meurtre des Juifs et à porter des attaques contre des Américains. De manière encore plus cynique, le Djihad islamique sollicite des dons pour lui permettre de mener son djihad (guerre sacrée) contre Israël. Il indique trois adresses où effectuer ces dons, toutes situées dans des villes sous contrôle de l'Autonomie palestinienne - les Associations caritatives de Gaza, Jénine et Bethlehem. Dans chacun des cas, un numéro de compte bancaire et d'autres détails sont gracieusement fournis. Un haut responsable de l'AP a officiellement témoigné devant un tribunal américain que cette association caritative n'est qu'une façade pour le Djihad Islamique. Le site Web indique clairement le but des dons: «Soutenez financièrement le djihad militaire».

www.palestine-info.net est le site Web officiel du Hamas. Bien qu'officiellement installé au Liban, il est entretenu et actualisé depuis la Floride. Il contient des revendications d'attentats terroristes, des listes détaillées des attentats terroristes «glorieux», des fatwas approuvant les attentats-suicides à l'explosif, des interviews des dirigeants du Hamas, des biographies des kamikazes et des appels virulents à attaquer les Juifs.

L'Association Islamique pour la Palestine et la Holy Land Foundation for Relief and Development sont deux organisations basées aux États-Unis (avec des bureaux au Texas, en Illinois et dans le New Jersey) qui soutiennent politiquement le Hamas.

Le Comité Islamique pour la Palestine (ICP), et World and Islam Studies Enterprise (WISE) sont également basés aux États-Unis. L'ICP est l'une des nombreuses organisations «caritatives» directement liée au Djihad Islamique (il a été fermé par le FBI en 1995 pour cette raison). Une vidéo rendue publique par le Service de l'Immigration et de la Naturalisation (INS) montre Fawwaz Damra, un imam de Cleveland, annonçant fièrement que l'ICP «est le bras actif du Mouvement du Djihad islamique en Palestine». Il ajoute qu'aux États-Unis, «pour des raisons de sécurité», il est appelé le «Comité Islamique pour la Palestine». William West, de l'INS, qualifie l'ICP et WISE «d'organisations de façade dont le but consiste à collecter de fonds pour les organisations terroristes du Djihad islamique et du Hamas». Monsieur West note également que ces deux organisations font pénétrer aux États-Unis des ressortissants étrangers «qui occupent une fonction active et/ou dirigeante au sein du Djihad islamique, du Hamas et d'autres organisations terroristes». Il fait ainsi allusion au fait que WISE et l'ICP ont fait obtenir des visas d'entrée aux États-Unis aux trois membres de la direction du Djihad Islamique.

Il faut signaler ici surtout le cas de Ramadan Abdallah Challah, qui enseigné plusieurs années durant à l'université de Tampa, en Floride du Sud, mais qui vit à Damas depuis 1995 où il n'est autre que le principal dirigeant du Djihad islamique.

Et le responsable de l'ICP et de WISE, Sami Al Arian, a également été titulaire d'une chaire de l'université de Floride du Sud. En dépit de ce que l'on sait depuis des années au sujet de l'ICP et de WISE, il demeure en poste dans son université et a même été invité à quatre reprises à la Maison Blanche au cours des quatre dernières années.

Camouflage dérisoire

Il n'est pas bien difficile de comprendre ce que le gouvernement américain devrait faire, à commencer par exclure des réceptions de la Maison Blanche les dirigeants des organisations de façade des groupes terroristes. Ensuite, les autorités fédérales doivent faire usage des instruments dont elles disposent pour fermer ces sites Web et ces organisations. En 1995, un ordre exécutoire présidentiel les autorise à interdire, aux États-Unis, toute transaction financière impliquant douze groupes, parmi lesquels le Djihad islamique et le Hamas. Une loi de 1996 donne à Washington le pouvoir de geler les avoirs de tels groupes. Malgré ces lois, pratiquement rien n'a été fait pour mettre un terme aux activités des organisations de façade du Hamas et du Djihad islamique. La raison en est d'une simplicité embarrassante. Les deux groupes sont suffisamment habiles pour ne pas se faire enregistrer sous leur propre nom. Ce camouflage dérisoire fonctionne parfaitement; le gouvernement américain se trouve dans l'impasse et laisse les groupes agir librement. Le temps est venu pour les États-Unis de stopper les activités des organisations terroristes sur son territoire, même si elles n'ont pas l'obligeance de porter leur vrai nom.

La fierté et l'orgueil d'un père, par Daniel Pipes, Jerusalem Post, 15 août 2001

Ces peuples qui encensent les attentats-suicides appartiennent-ils encore à la race humaine ?

Quelques heures après l'attentat suicide qui coûta la vie à 15 Israéliens, la semaine passée dans un restaurant de Jérusalem, le frère du terroriste, âgé de 23 ans, annonçait avec une joie évidente que «cette opération a été exceptionnelle en termes de qualité et de succès (...) et tous les Palestiniens peuvent maintenant marcher la tête haute».

De même, après qu'un autre terroriste suicidaire de 22 ans ait tué 21 Israéliens dans une discothèque de Tel-Aviv, deux mois plus tôt, son père déclara: «Je suis très heureux et très fier de ce que mon fils a accompli. Franchement, je suis même un peu jaloux... J'aimerais avoir fait cela moi-même.»

Et il en a été ainsi lors de presque tous les attentats suicides les membres de la famille se réjouissent du «martyre» de leur frère ou de leur enfant.

Certains pères font même part publiquement de leur espoir que leurs enfants tueront des Israéliens en réalisant des opérations suicides.

Cette apparente dénégation de l'instinct humain qui pousse tout parent à protéger ses enfants déconcerta profondément le président George W. Bush, qui déclara alors: «Je ne peux tout simplement pas comprendre cela.» Il n'est certainement pas le seul.

Ce comportement étrange est dû essentiellement à deux facteurs. Le premier est lié aux importants efforts de l'Autorité palestinienne (AP) pour vanter les mérites d'une mort glorieuse, pendant une attaque suicide visant des Israéliens, auprès de jeunes gens influençables.

La chaîne de télévision de l'AP martèle ce message sans relâche. Dans son programme pour les enfants, on peut entendre un jeune garçon chanter: «Quand j'irai à Jérusalem, je me ferai sauter parmi eux.» Un clip télévisé répété à un rythme soutenu encourage les enfants: «Laisse tes jouets. Ramasse des pierres.» Dans un autre, un enfant chante: «Qu'il est doux le parfum du martyre, qu'il est doux le parfum de la terre, de la terre fertilisée par le sang, le sang s'écoulant d'un corps encore chaud.»

Ikrima Sabri, un guide religieux de haut rang de l'AP, affirme: «Plus le martyr est jeune, plus mon respect envers lui est grand et profond.» Et de louer les mères «pressées de sacrifier leurs enfants au nom de la liberté». Les écoles de l'AP inculquent aux élèves les vertus et les joies du martyre, et honorent et célèbrent avec eux la mémoire des assassins suicidaires. En ce moment, les écoliers de 8 à 12 ans sont préparés à réaliser des attentats suicides dans quatre camps d'été. Des organisations telles que le Hamas promettent de veiller ensuite à couvrir les besoins financiers des familles des meurtriers.

En résumé, comme le relève Meyrav Wurmser, un expert de Hudson spécialisé dans l'endoctrinement des écoliers, l'AP a développé «une idéologie d'État poussant [les enfants] à la mort». Comment une telle idéologie peut-elle fonctionner, et pourquoi les familles palestiniennes envoient-elles avec enthousiasme leurs enfants se faire tuer? Quelle pression, quelle contrainte peut ainsi oblitérer l'instinct qui incite chacun de nous à protéger ses proches?

Cette pression n'est guère difficile à localiser tant elle empreigne la vie au Moyen-Orient. Il s'agit d'une préoccupation constante et compulsive de préserver l'honneur de la famille. La puissance de ce devoir dépasse de très loin tout ce que les Occidentaux connaissent dans ce domaine.

La fixation sur l'honneur de la famille revêt deux formes principales. La forme négative, appelée ird en arabe, concerne l'intégrité sexuelle des femmes et se trouve à l'origine de l'usage moyen-oriental de tuer ses parentes pour ce qui est perçu comme des offenses envers la famille. Ces meurtres d'honneur sont censés laver la honte de la famille. Ainsi, les frères tuent leurs soeurs, les cousins tuent leurs cousines, les pères tuent leurs filles, et même les fils tuent leur mère.

Ces hommes font cela non pas parce que telle est leur volonté rien, ou presque, n'est plus abominable dans le contexte de la famille moyen-orientale très intimement unie mais parce qu'ils s'y sentent obligés. Permettre à une femme déshonorée de rester en vie appelle le ridicule et le mépris sur toute la famille. Dans de telles circonstances, l'amour que l'on peut ressentir pour sa fille ou sa soeur perd vite tout son sens. Elle doit mourir.

Ainsi, un Égyptien qui avait étranglé sa fille enceinte mais célibataire, puis avait découpé sa dépouille en huit parties qu'il jeta dans les toilettes, expliqua son geste en ces termes: «[Avant le meurtre], partout où j'allais, j'étais sans cesse en proie à la honte. Les gens du village étaient sans pitié pour moi. Ils faisaient des plaisanteries sur mon dos et se moquaient de moi. Je n'en pouvais plus et j'ai décidé de mettre un terme à cette torture.»

La forme positive d'honneur (sharaf en arabe) concerne les efforts visant à améliorer le statut de la famille en cherchant à lui faire obtenir des éloges et une renommée enviable. Et rien ne vaut autant de gloire à une famille que le sacrifice de l'un de ses membres pour une noble cause.

«Grâce» à la propagande de l'AP, les attentats suicides à l'explosif sont devenus des actes hautement honorables. C'est pourquoi le père du terroriste de Tel-Aviv pouvait ainsi vanter les mérites de son fils: «Il est devenu un héros! Que souhaiter de mieux, pour un père, je vous le demande?»

La combinaison d'un milieu social monstrueusement perverti par l'AP et l'obsession des familles à préserver et élever leur statut explique en grande partie pourquoi les Palestiniens glorifient ainsi la destruction de leur jeunesse.


Après le 11 septembre

Les attentats ont eu lieu. Leur prophète nous explique ce qu'il faut en penser.

Le gouvernement américain a failli, par Daniel Pipes, Courrier International, 13 septembre 2001

Le gouvernement les avait sous-estimé. Ce n'est pas une affaire de délinquance. Le légalisme n'a plus lieu d'être. C'est la guerre. Ils nous haïssent. L'information était bien là, mais les forces de l'ordre et les hommes politiques n'ont pas voulu la voir. L'heure est venue de sévir, et durement, contre tous ceux qui sont liés à cette infrastructure de la terreur.

Daniel Pipes, qui dirige le Middle-East Forum de Philadelphie, critique sévèrement l'impréparation tactique, mais aussi conceptuelle, des autorités américaines dans The Wall Street Journal.

Jamais, vraisemblablement, dans l'histoire des Etats-Unis, autant d'Américains n'auront péri de mort violente en un seul jour. Dans cette série d'atrocités, les torts sont partagés. Si la responsabilité morale incombe exclusivement aux auteurs, qui n'ont pas encore été identifiés, la responsabilité tactique doit être imputée au gouvernement américain, qui a manqué à son premier devoir : celui de protéger les citoyens américains. Les spécialistes du terrorisme étaient conscients, depuis des années, de cette démission du pouvoir ; aujourd'hui, c'est le monde entier qui en a connaissance. En dépit d'une montée régulière du terrorisme organisé au cours des dix-huit dernières années (depuis l'explosion du camion piégé à l'ambassade américaine de Beyrouth, en 1983), Washington n'a pas pris ce problème au sérieux. Voici quelques-unes de ses erreurs.

* Assimiler le terrorisme à une forme de délinquance. Les autorités américaines ont toujours considéré le terrorisme comme une activité criminelle. Elles se sont donc donné pour objectif d'arrêter et de juger les auteurs de ces actes. Il n'y a rien à redire à cela, mais le problème est qu'elles s'en tiennent là. Cet esprit légaliste permet aux commanditaires, aux organisateurs et aux chefs des opérations terroristes de poursuivre leur action en toute tranquillité et de préparer d'autres attaques. Mieux vaut considérer le terrorisme comme une forme de guerre et s'en prendre non seulement aux fantassins qui opèrent sur le terrain, mais aussi aux organisations et aux gouvernements qui les soutiennent.

* Trop compter sur l'intelligence électronique. Il est beaucoup plus facile d'installer une gigantesque oreille dans le ciel que d'infiltrer des agents au sein d'un groupe terroriste. C'est pourquoi la CIA et les autres agences du renseignement ont mis leur casque et écouté. Mais, manifestement, cela ne suffit pas. Organiser les actions du 11 septembre requiert une énorme préparation, ce qui implique des effectifs et des délais importants. Que le gouvernement américain n'ait pas été informé dénote une ignorance quasi criminelle. Les services spéciaux américains doivent apprendre des langues étrangères, se cultiver et aider les gens qui le méritent.

* Ne pas comprendre la haine vouée à l'Amérique. Des bâtiments comme le World Trade Center et le Pentagone sont des symboles universels de la présence commerciale et militaire de l'Amérique dans le monde. Le premier a déjà été attaqué en février 1993. On aurait donc pu se douter que ces édifices seraient les premiers visés et renforcer leur protection.

* Ignorer l'infrastructure terroriste en place dans le pays. De nombreux indices donnaient à penser qu'un vaste réseau de terreur islamiste s'est développé aux Etats-Unis, visible pour tous ceux qui voulaient bien le voir. Dès 1997, Steven Emerson avait déclaré dans la revue trimestrielle Middle East Quarterly: "[La menace terroriste] est plus grande aujourd'hui qu'avant l'attentat du World Trade Center, car le nombre de ces groupes et de leurs membres augmente. Je dirais même qu'ils ont désormais l'infrastructure nécessaire pour faire sauter simultanément vingt cibles comme le World Trade Center à travers les Etats-Unis." L'information était bien là, mais les forces de l'ordre et les hommes politiques n'ont pas voulu la voir. L'heure est venue de sévir, et durement, contre tous ceux qui sont liés à cette infrastructure de la terreur.

Si les morts et les traumatismes peuvent servir à quelque chose, ce sera à déclencher un changement rapide et profond dans la politique américaine, un changement qui l'amène à considérer la menace pesant sur les Etats-Unis comme une menace militaire, à compter davantage sur l'intelligence humaine, à comprendre la mentalité terroriste et à démanteler le réseau intérieur de la terreur.

Réjouissances moyen-orientales, par Daniel Pipes, Jerusalem Post, 14 septembre 2001

Les bons suédois, les bons allemands, les bons australiens, et même les bons français, les bons kenyans, les bons chinois, presque toute la planète, si attristés par les horribles attentats, sont ici opposés aux méchants du Moyen-Orient, où la journée prit des airs de gigantesque fête. Nous connaissons maintenant qui est notre pire ennemi : le nationalisme palestinien associé à l'islamisme.

À Stockholm, les gens se tenaient devant les portes de l'ambassade des États-Unis, de longues bougies à la main, pour exprimer leur tristesse. À Berlin, on déposa des fleurs à l'ambassade. Le Parlement australien fit hisser un drapeau noir. Le journal Le Monde, qu'on ne saurait qualifier de proaméricain, titra à la une «Nous sommes tous Américains». Un quotidien kenyan rappela l'attaque à la bombe perpétrée par Oussama Ben Laden dans ce pays trois ans plus tôt et déclara que «peu de nations partageront aussi profondément le chagrin des Américains que la nation kenyane». «Je sens mon coeur se briser en voyant ces images à la télévision», dit un Chinois.

Et ainsi de suite, partout dans le monde, à l'annonce des nouvelles catastrophiques arrivant de l'est des États-Unis. Les populations et les gouvernements répondirent en grande majorité avec une tristesse et une compassion bien naturelles en un tel moment.

Une région, toutefois, fit notoirement exception à cette attitude solennelle générale: le Moyen-Orient, où la journée prit des airs de gigantesque fête.

«Nous sommes enchantés», dit un Libanais. «En plein dans le mille», résuma un chauffeur de taxi égyptien en suivant une retransmission de l'écroulement du World Trade Center. «C'est l'heure du règlement de comptes», dit un habitant du Caire. D'autres égyptiens souhaitèrent que George W. Bush ait été enterré sous les décombres ou s'écrièrent qu'ils vivaient leur plus grand bonheur depuis la guerre de 1973.

Et il en était ainsi partout dans la région. Au Liban et en Cisjordanie, les Palestiniens tirèrent des coups de feu en l'air, manière coutumière d'exprimer leur joie. En Jordanie, ils distribuèrent des friandises autre signe d'allégresse.

Et même hors du Moyen-Orient, un grand nombre de Musulmans déclarèrent que les États-Unis avaient eu ce qu'ils méritaient. Des journaux nigérians indiquèrent que l'organisation Jeunesse islamique avait organisé une fête pour célébrer l'attaque dans la province de Zamfara. «En tant que Musulman, je me réjouis de tous les dommages causés à l'Amérique» était la citation typique en provenance d'Afghanistan. Un dirigeant pakistanais déclara que Washington payait le prix de sa politique opposée aux Palestiniens, aux Irakiens, au Bosniens et aux autres Musulmans; puis il ajouta que «le pire reste à venir».

Certes, la plupart des gouvernements adoptèrent une attitude irréprochable, décriant ceci et regrettant cela. Mais, même à ce niveau, il y eut certains couacs. En Syrie, un message de condoléances très sobre parvint d'une «source d'information officielle» anonyme plutôt que, comme c'est l'usage dans un tel cas, du président Bashshar al-Asad. En Iran, les journaux modérés présentèrent les destructions comme «le prix payé par l'Amérique pour son soutien aveugle au régime sioniste». Le pire d'entre eux accusa Israël d'avoir organisé les attaques dans le but de distraire l'opinion mondiale de son propre conflit avec les Palestiniens. Et puis il y a l'Irak, où l'agence d'information contrôlée par le gouvernement acclama les actes de violence, évoquant avec satisfaction les «cow-boys américains récoltant les fruits de leurs crimes contre l'humanité». Et d'ajouter, dans une jubilation éhontée, que «le mythe américain a été détruit en même temps que le World Trade Center».

Pourquoi tant de rage contre l'Occident, et contre les États-Unis en particulier? Parce que deux idéologies extrémistes étendent leur emprise sur la majeure partie du Moyen-Orient, voire au-delà:

Le nationalisme palestinien. Souvent décrit comme poursuivant l'objectif relativement innocent de créer un État palestinien voisin de celui d'Israël, le nationalisme palestinien vise en réalité celui, beaucoup plus offensif, de détruire et de remplacer Israël par un État palestinien s'étendant «du fleuve à la mer». Longtemps, la puissance manifeste d'Israël a tempéré l'emprise de cette idéologie sur les Palestiniens et les autres tribuns arabes. Mais elle bénéficia d'un regain de vigueur grâce aux négociations d'Oslo, qui firent paraître Israël affaibli et démoralisé. Ainsi, même l'approbation américaine plutôt mesurée de la politique israélienne envers les violences palestiniennes au cours de l'an passé suffit à déclencher une fureur d'une ampleur exceptionnelle contre le gouvernement des États-Unis, le peuple américain et chacun de leurs faits et gestes.

L'islamisme. Il s'agit ici du corps de pensées qui s'est emparé de la religion islamique pour en faire la base d'une idéologie utopiste radicale, dans la ligne du fascisme et du marxisme-léninisme. Il vise à remplacer le capitalisme et le libéralisme au titre de système dominant de l'ordre mondial. L'islamisme est à l'origine de la vague de haine anti-américaine survenue dans des régions sans lien avec le conflit israélo-palestinien, comme le Nigeria ou l'Afghanistan.

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les adeptes de cette vision des choses ne se considèrent pas eux-mêmes comme des agresseurs, ils se sentent au contraire encerclés et harcelés par l'Occident. Partout dans le monde, les islamistes éprouvent le sentiment d'être entravés, lésés par un Occident qu'ils perçoivent comme arrogant et impérialiste. Pour reprendre les termes d'un Égyptien, les Américains «nous tiennent à la gorge». Les islamistes ont une longue liste de pays l'Algérie, la Turquie, l'Égypte et la Malaisie pour citer les principaux d'entre eux dans lesquels ils estiment que les dirigeants musulmans locaux se chargent du sale travail de l'Occident en étouffant leur mouvement. Ils ont également une autre liste Cachemire, Afghanistan et Soudan en tête dans lesquels ils croient voir l'Occident tenter de réprimer activement les meilleurs efforts islamistes visant à instaurer une société juste. À chaque fois que les Musulmans se rapprochent de l'édification d'un État islamique, explique un islamiste, la «main perfide de l'Occident séculier s'installe sur place et s'efforce de provoquer la défaite des forces islamiques». La solution consiste à modifier fondamentalement le caractère des États-Unis, de manière à les rendre bienveillants à l'égard des efforts islamiques.

Il faut relever ici que si les nationalistes palestiniens et les islamistes partagent la même haine pour tout ce qui est américain, leurs objectifs sont différents: les premiers espèrent simplement initier un tournant dans la politique extérieure des États-Unis tandis que les autres souhaitent modifier la nature même du pays. En attendant, tous deux peuvent cependant prendre un indécent plaisir à assister aux souffrances des Américains.

Le fait que les nationalistes palestiniens et les islamistes aient si crûment révélé leur hostilité envers les États-Unis montre bien quelles sont leurs positions et leurs intentions. Il y a là une leçon évidente à tirer pour les Occidentaux: nous savons maintenant où se trouvent certains de nos pires ennemis. Des années durant, les gouvernements occidentaux ont naïvement cru pouvoir apaiser ou peut-être simplement ignorer ces mouvements extrémistes. Aujourd'hui, après des milliers de morts, nous savons au moins à quel point ils se trompaient.

Le lobby américain de l'Islam [militant], par Daniel Pipes, Jerusalem Post, 20 septembre 2001

Aller imaginer et déclarer que le lobby israélien consacrerait 20 millions de dollars par an pour influencer les membres du congrès n'est qu'une théorie de la conspiration. Le lobby américaion de l'Islam présente, lui, un véritable danger.

Les attentats terroristes perpétrés contre l'Amérique n'auraient pas pu se dérouler sans le soutien d'agents bien organisés opérant à l'intérieur des États-Unis, où ils collectèrent des informations, projetèrent puis exécutèrent les quatre détournements d'avion. Or si cette infrastructure a fonctionné, c'est en grande partie grâce à la protection offerte par le lobby américain de l'Islam militant.

Le lobby de l'Islam militant s'efforça d'empêcher les forces de l'ordre de consacrer une attention particulière aux passagers en provenance du Moyen-Orient, une procédure qui aurait certainement permis d'intercepter les quatre équipes de terroristes suicidaires. Ce même lobby s'opposa également à la suppression de sites Web et à l'expulsion de ressortissants étrangers liés à des organisations terroristes telles que celle d'Oussama Ben Laden.

Dès lors, une question se pose: comment un lobby protégeant des extrémistes radicaux a-t-il pu acquérir une telle influence? Il a soigneusement couvert ses trace déclarant une chose en privé et une autre en public. Pour découvrir comment fonctionne cette dualité, examinons le cas des Musulmans américains pour Jérusalem (American Muslims for Jerusalem, AMJ). Cette organisation semble tout à fait modérée. Fondée en mai 1999 et installée près de la colline du Capitole, l'AMJ se présente elle-même comme une innocente «association ayant pour but de présenter un point de vue musulman sur la question de Jérusalem» qui appelle de ses voeux «une Jérusalem symbolisant la tolérance et la dialogue religieux». L'AMJ évoque «le profond attachement que les Musulmans éprouvent pour Jérusalem» et demande, à juste titre, le libre accès à tous les sites religieux de la ville. Il répète cependant également, quoique sur un ton moins affirmatif, la rhétorique palestinienne sur l'inadmissibilité d'une souveraineté obtenue par la force, la nécessité impérative de stopper la construction d'habitations juives et le droit de retour des réfugiés palestiniens.

La position officielle de l'AMJ est même raisonnable au point de renoncer à répéter l'affirmation courante dans les milieux palestiniens selon laquelle Jérusalem est la capitale de la Palestine, et elle nie encore moins les liens entre le peuple juif et Jérusalem. Malheureusement, cette modération affichée cache un discours privé totalement différent. Lors de ses rencontres privées, l'AMJ se montre sous son vrai jour et s'avère diffuser précisément le genre de pensées haineuses susceptibles d'inspirer un auteur d'attentat-suicide. Le modèle en a été fixé lors de la première manifestation majeure de l'AMJ, un dîner organisé pour récolter des fonds, en novembre 1999, qu'un des participants décrivit comme «grossièrement anti-juif». Des orateurs tels que Nihad Awad et Abdurahman Alamoudi y rivalisèrent d'agressivité verbale contre l'État d'Israël et les Juifs américains. Ils parlèrent notamment d'une conspiration alambiquée censée permettre aux Juifs de contrôler les États-Unis et aux sionistes de laver le cerveau des Chrétiens américains. Ces Chrétiens, à en croire les conférenciers de l'AMJ, seraient maintenant prêts à se rebeller contre cette prétendue domination juive mais ils hésiteraient encore à le déclarer publiquement par crainte de la colère de leurs «maîtres» juifs. Les Musulmans auraient ici un rôle crucial à jouer, en encourageant les Chrétiens à se dresser à et mettre un terme à leur assujettissement. Seul un front uni réunissant les Musulmans et les Chrétiens, et dirigé par les Musulmans, pourra briser la soi-disant emprise juive sur l'Amérique.

Le principal orateur du dîner, Issa Nakhleh, de l'Arab Supreme Council for Palestine (lui-même un Chrétien), proposa un plan précis pour atteindre cet objectif. D'après ses calculs (fantaisistes), le lobby israélien consacre 20 millions de dollars par an à acheter des membres du Congrès et à leur faire imposer le message «juif» au détriment des intérêts des Chrétiens. Les Arabes et les Musulmans peuvent aisément faire mieux, suggéra Nakhleh, en envoyant des délégations récolter des fonds en Arabie Saoudite et dans les Émirats. «Je suis sûr que vous pourrez obtenir dix millions de dollars auprès d'eux, et l'Iran vous donnera dix millions aussi», ce qui permettrait de surpasser largement le prétendu apport de fonds pro-Israël (et peu importe qu'il soit illégal de faire du lobbying au Congrès avec des fonds provenant de l'étranger).

Les inexactitudes grossières, les erreurs patentes, le conspirationnisme, le fanatisme et l'illégalité qui caractérisèrent ce dîner ont de quoi étonner dans la mesure où les Musulmans américains pour Jérusalem ne constituent pas un simple groupe marginal, mais le fruit d'un effort concerté et parrainé par six des plus puissantes organisations islamiques américaines, y compris celles les plus fréquemment invitées à la Maison Blanche et citées dans les médias. L'AMJ lui-même a également obtenu l'appui d'entreprises américaines telles que Burger King et Disney.

Le radicalisme larvé des organisations musulmanes américaines doit susciter une réaction à deux niveaux. D'abord, l'AMJ et ses six sponsors doivent être systématiquement exclus et marginalisés. Le gouvernement et les dirigeants d'entreprise doivent éviter de les rencontrer. Les médias doivent renoncer à les citer comme des sources dignes de foi. Les responsables de l'immigration doivent étudier attentivement qui ils font venir de l'étranger. Les autorités fiscales doivent examiner leur comptabilité en quête de transactions illégales. Les leaders religieux doivent les exclure de leurs réunions oecuméniques.

Ensuite, les Américains musulmans modérés doivent s'organiser et désavouer les organisations comme l'AMJ et consort. Cette tâche deviendra d'autant plus urgente qu'il apparaîtra au grand jour dans quelle mesure ces organisations ont facilité la préparation des attentats terroristes de la semaine passée.

Ce que Bush a bien compris et le reste, par Daniel Pipes, Jerusalem Post, 26 septembre 2001

Le président Bush est trop mou.

Dans son discours du 20 septembre sur la politique américaine, le président George W. Bush expliqua quelles étaient ses intentions en déclarant la «guerre au terrorisme» et dit aux Américains ce que cela allait signifier pour eux. Dans l'ensemble, ce fut une bonne performance, témoignant par moments d'un discernement exemplaire, mais néanmoins parsemée de quelques erreurs qu'il s'agit de corriger au plus vite.

Commençons par les cinq points positifs:

* L'objectif de l'ennemi: il ne s'agit «pas simplement de tuer, mais de perturber et de détruire un mode de vie».

Et cela implique de «refaire le monde et imposer des conceptions radicales à tous ses habitants». Le président signale qu'il ne se leurre pas sur les réels objectifs d'Al-Qaida: le problème ne réside pas dans les libertés américaines ou dans la politique des États-Unis au Moyen-Orient, mais dans une ambition démesurée, celle de mettre fin à l'existence même des États-Unis sous leur forme actuelle. Comme il le dit lui-même, «l'Afghanistan représente la vision du monde d'Al-Qaida», une vision qui ne s'applique pas moins à New York qu'à Kaboul.

* La nature de l'ennemi: il est l'héritier «de toutes les idéologies meurtrières du XXe siècle (...) et s'inscrit dans la ligne du fascisme, du nazisme et du totalitarisme» (oui, mais qu'en est-il du communisme? omis afin de ne pas froisser la Chine?).

* La méthode de l'ennemi: des individus recrutés dans plus de 60 pays sont emmenés essentiellement en Afghanistan où ils sont instruits et entraînés avant d'être envoyés «se cacher partout dans le monde pour y préparer des actes de malveillance et de destruction».

* La brutalité de l'ennemi: ses dirigeants «ordonnent de tuer des Chrétiens et des Juifs, de tuer tous les Américains, sans faire de distinction entre les militaires et les civils, sans épargner ni les femmes ni les enfants».

* La définition du problème: les détournements d'avions du 11 septembre constituaient des «actes de guerre». Il ne s'agissait pas d'actes criminels, mais d'éléments d'une opération militaire concertée lancée par Al-Qaida, «un réseau de terroristes», et par les gouvernements qui le soutiennent.

Mais le président a également commis cinq erreurs:

* L'identité de l'ennemi: il évite d'appeler l'adversaire de l'Amérique par son nom l'Islam militant, préférant user d'euphémismes tels que «groupe(s) terroriste(e) d'envergure mondiale». Il y a ici deux problèmes: le terrorisme est une tactique, pas un ennemi; et le fait de ne pas définir l'ennemi explicitement est susceptible de générer des confusions et des dissensions.

* L'emplacement de l'ennemi: le discours n'a traité que de menaces situées à l'étranger («les traquer sans relâche jusqu'à qu'ils n'aient plus ni refuge, ni repos», «poursuivre les nations qui fournissent leur aide ou donnent asile au terrorisme»), ignorant celles, beaucoup plus délicates mais tout aussi vitales, qui sont localisées au sein même des États-Unis.

Le nouvel «Office of Homeland Security» doit non seulement protéger les Américains contre les attaques de l'étranger mais aussi extirper l'ennemi installé à l'intérieur des frontières américaines.

* Les attraits de l'ennemi: le président dénigre la version de l'Islam prônée par Al-Qaida comme étant celle d'une «frange d'Islamistes extrémistes" proscrits.

Rien n'est moins vrai. En de nombreux endroits, le Pakistan et Gaza en particulier, les Musulmans de la rue défendent avec ferveur la vision de l'Islam prêchée par Al-Qaida. De même, lorsque le président qualifie les terroristes de «traîtres à leur propre foi qui tentent de séquestrer l'Islam», il sous-entend que les autres Musulmans les considèrent comme des apostats, ce qui est tout simplement faux.

Al-Qaida jouit d'une grande popularité. Le mieux que le gouvernement des États-Unis peut espérer ici de la part des Musulmans est un peu de neutralité ou d'indifférence.

* Les objectifs des États-Unis: ils sont incohérents. «Livrer aux autorités américaines tous les leaders d'Al-Qaida qui se cachent dans vos pays» implique que si les autorités afghanes livrent quelques exécutants, l'effort de guerre sera stoppé, sans que l'on s'inquiète davantage de l'Islam militant. Au contraire, affirmer que l'effort de guerre sera poursuivi jusqu'à que «tous les groupes terroristes d'envergure mondiale auront été repérés, immobilisés et vaincus» mplique la mise en oeuvre d'un important dispositif contre les forces de l'Islam militant. Cette contradiction renferme les germes de problèmes futurs. Bush doit préciser que son réel objectif est le second des deux.

* Politique étrangère américaine: «À partir d'aujourd'hui, toute nation qui continuera d'héberger ou de soutenir le terrorisme sera considérée par les États-Unis comme un régime hostile.» Cette déclaration péremptoire n'est pas tenable dans la réalité dominée par des interactions complexes entre des intérêts divergents. La prévention du terrorisme semble constituer la seule priorité essentielle cette semaine, mais il est probable que son importance ne pourra pas être maintenue longtemps à ce niveau, et une politique étrangère basée de telles prémisses causera des difficultés.

Bref, alors que le président témoigna d'une excellente compréhension de l'Islam militant qualifier celui-ci de totalitarisme était particulièrement important, il ne sut pas se résoudre à le pointer du doigt comme l'ennemi désigné, et émit des déclarations irréalistes sur la nature du combat qui nous attend. Ces erreurs doivent être corrigées très vite, avant qu'elles ne fassent des dégâts.

La guerre, et non des «crimes» L'heure est à une nouvelle vision du monde, par Daniel Pipes, National Review, 1er octobre 2001

Nous sommes dans une guerre totale et sans merci. Nous connaissons les responsables avant même d'avoir à les rechercher ! Mener une enquête et rechercher des élément à charge est superflu (faut-il croire que les preuves matérielles au service du sénario officiel ne soient pas si évidentes à trouver ?) Il vaut parfois mieux tirer d'abord et questionner ensuite. Arrière toutes, abandonnons la sagesse biblique ("oeil pour oeil, dent pour dent", chapitre 21 verset 24 de l'Exode) retournons à la civilisation caïnique ("Caïn sera vengé sept fois, Et Lémec soixante-dix-sept fois", chapitre 4, verset 23 de la Genèse), celle qui a a mal fini, engloutie par le déluge ("Et l'Éternel dit: J'exterminerai de la face de la terre l'homme que j'ai créé, depuis l'homme jusqu'au bétail, aux reptiles, et aux oiseaux du ciel; car je me repens de les avoir faits." chapitre 6, verset 7 de la Genèse) : Il faut répliquer à chaque attaque avec une vigueur disproportionnée. Sont-ce là les parole d'un fidèle de la Bible ? D'un citoyen patriote qui aime son pays, que l'on dit inspiré par la Bible ?

«Ne vous y trompez pas: les États-Unis vont traquer et punir les responsables de ces actes de lâcheté.» Ainsi s'exprimait le président Bush dans son discours à la nation, peu après les terribles événements du 11 septembre.

Je comprends les sentiments du président, mais je désapprouve deux aspects de sa déclaration. D'abord, les attaques n'avaient rien de lâche; elles témoignaient plutôt d'un courage incroyable, quoique pervers. Ensuite, l'intention de «traquer et punir» les responsables révèle une profonde incompréhension du problème. Cela implique en effet que nous considérons les attentats comme des actes criminels plutôt que ce qu'ils sont, des actes de guerre. Ils s'inscrivent dans une campagne d'opérations terroristes qui commença à prendre de l'ampleur en 1983, avec l'attentat à l'explosif de l'ambassade de Beyrouth, et qui n'a jamais faibli depuis lors. Chaque année, avec une régularité presque prévisible, des Américains sont victimes d'attaques telles que des explosions dans des avions de ligne, dans des immeubles commerciaux et sur divers sites appartenant au gouvernement des États-Unis. Avant la semaine passée, ces actes de violence avaient coûté la vie à quelque 600 Américains. À mes yeux, cet effort de violence soutenu ressemble terriblement à une guerre, mais Washington, dans sa grande sagesse, voyait les choses autrement. L'attitude officielle a toujours consisté à considérer ces attaques comme autant d'actes criminels ponctuels. Or il est faux de répondre au terrorisme comme à un phénomène essentiellement pénal, car cela signifie concrètement:

* Concentrer nos efforts sur l'arrestation et le jugement des individus sans importance qui exécutent les actes de violence et laisser en «paix» les financiers, les organisateurs et les commanditaires du terrorisme, qui peuvent ainsi préparer de nouvelles attaques sans être dérangés.

* Se fier essentiellement à des mesures défensives comme des détecteurs de métal, des gardes, des bunkers, des opérations de police et des procès plutôt que sur des instruments offensifs tels que des soldats, des avions, des navires.

* Confondre les motivations du terrorisme, généralement basées sur des idéologies extrémistes, avec de purs desseins criminels.

* Méconnaître le fait que les groupes terroristes (et les états que les soutiennent) ont déclaré la guerre (et parfois publiquement) aux États-Unis.

* Exiger du gouvernement des États-Unis qu'il atteigne un niveau de certitude irréaliste avant de déployer les forces armées. S'il ne dispose pas d'éléments de preuve capables de convaincre un tribunal américain, comme c'est généralement le cas, aucune action n'est entreprise. Cette attitude légaliste a donc pour conséquence que, dans la grande majorité des cas, le gouvernement des États-Unis ne répond pas aux attaques et les assassins s'en tirent à bon compte, voire indemnes.

Il est temps de changer fondamentalement notre vision du problème, de considérer enfin le terrorisme comme une forme de guerre. Un tel revirement a de nombreuses implications: il faut prendre pour cibles non seulement les fantassins qui commettent les actes de violence sur le terrain, mais aussi les organisations et les gouvernements qui les soutiennent; miser sur les forces armées, et non sur les policiers, pour protéger les Américains; organiser la défense à l'étranger plutôt que devant les tribunaux américains; faire payer le prix de leurs actes aux organisations et aux organisations qui soutiennent le terrorisme, et non plus seulement aux simples soldats qui exécutent les ordres.

Il faut renoncer aux attentes irréalistes actuelles en matière de preuves à charge de sorte que lorsque des indices raisonnablement fondés indiquent qu'un régime ou une organisation a agressé des Américains, les forces armées des États-Unis puissent intervenir. Il faut faire en sorte que, comme dans le cadre d'une guerre conventionnelle, Washington n'ait pas besoin de connaître le détail des noms et des faits et gestes des soldats ennemis pour les combattre. Il faut répliquer à chaque fois qu'un acte terrorisme blesse un Américain. Il n'est pas indispensable de connaître l'identité précise des auteurs de l'acte, en situation de guerre, il vaut parfois mieux tirer d'abord et questionner ensuite. Une attaque terroriste peut motiver la prise pour cible de n'importe quel acteur connu pour soutenir le terrorisme. Si l'auteur n'est pas précisément identifié, il est légitime de sanctionner ceux qui donnent asile aux terroristes, de poursuivre les gouvernements et les organisations qui leur accordent leur soutien.

Il faut répliquer à chaque attaque avec une vigueur disproportionnée. Les États-Unis disposent d'une puissance militaire sans égale dans le monde: pourquoi lui consacrer des centaines de milliards de dollars par an et ne pas s'en servir pour protéger les Américains? Il faut cependant également être bien conscient que l'approche militaire sollicitera davantage les Américains que ne le fait la voie juridique. Il faudra être prêt à dépenser de l'argent et à perdre des vies humaines. La force n'est un moyen efficace que si elle s'inscrit dans une politique durable et non dans une simple action ponctuelle. Quelques bombes isolées (comme contre le Liban en 1986 et contre certains sites d'Afghanistan et du Soudan en 1998) ne font pas une politique. La voie militaire requiert un engagement à long terme qui exigera des Américains d'importants efforts, durant de longues années.

Mais cela en vaudra la peine. Car en fin de compte, la sécurité des Américains ne dépend pas de leur défense mais de leurs offensives, pas de leurs victoires à la barre mais sur les champs de bataille. Le gouvernement des États-Unis doit se refaire une réputation d'adversaire redoutable. Quiconque s'attaque à des Américains doit savoir que le châtiment sera inéluctable et terrible. Rien ne saurait remplacer l'élimination de toute organisation, de tout gouvernement qui agresse ne serait-ce qu'un seul citoyen américain.

À ceux qui clament que cette approche déclencherait un nouveau cycle de violence, il suffit de montrer que ce cycle est déjà en marche, qu'il cause sans cesse la mort d'Américains, victimes d'actes de terrorisme. De plus, en montrant les dents, les Américains vont certainement plutôt intimider leurs ennemis que stimuler des velléités combatives. Les représailles feront taire la violence, sans l'enflammer, et rendront aux Américains la sécurité qui leur manque aujourd'hui.

Les Musulmans «adorent» Ben Laden, par Daniel Pipes, New York Post, 22 octobre 2001

Tout est dans le titre. Car enfin (si l'on a bien pris la précaution de suivre le conseil de renoncer aux éléments de preuve capables de convaincre un tribunal américain), nul n'ignore que Ben Laden est le responsable des abominables attentats du 11 septembre. Adorer un tel criminel ne peut être que le faite d'une branche dégénérée de l'espèce humaine, les Musulmans.

Que pensent les Musulmans d'Oussama Ben Laden?

Demandez à des Occidentaux et vous apprendrez que son importance est insignifiante. Le président Bush dit que Ben Laden représente «une forme marginale de l'extrémisme islamique (...) rejetée par la large majorité des ecclésiastiques musulmans». Les experts américains de l'Islam approuvent en coeur: «Oussama Ben Laden est à l'Islam ce que Timothy McVeigh est à la Chrétienté», affirme Mark Juergensmeyer, de l'université de Californie. Karen Armstrong, auteure d'un best-seller sur l'Islam, assure que «la grande majorité des Musulmans (...) sont horrifiés par les atrocités du 11 septembre».

Il faut croire que cette «grande majorité», si elle existe, est bien cachée et extrêmement discrète. À l'exception d'une manifestation anti-Ben Laden mise en scène par le gouvernement pakistanais et les déclarations de quelques rares érudits musulmans d'envergure, quasiment personne ne le dénonce publiquement. Le seul érudit islamique qui, en Égypte, condamne sans réserve les attentats du 11 septembre admet être entièrement isolé.

Les officiels américains attendent toujours les déclarations politiques des Musulmans. «Ce serait une bonne chose que des leaders se dressent pour affirmer que la rumeur selon laquelle les États-Unis souhaitent s'attaquer à l'Islam est absurde», relève un diplomate américain. S'ils ne le font pas, c'est parce que le monde musulman adule littéralement le Saoudien militant. «Vive Ben Laden», scandèrent 5000 manifestants au sud des Philippines.

Au Pakistan, le visage de Ben Laden sert de support publicitaire à des articles commerciaux et des rassemblements massifs en son nom ont déjà fait deux morts. Ses admirateurs défilent par milliers dans les capitales du Bangladesh et d'Indonésie. Au nord du Nigeria, Ben Laden a, selon Reuters, «atteint le statut d'icône» et ses partisans ont déclenché des émeutes religieuses qui entraînèrent la mort de 200 personnes. Des manifestations en faveur de Ben Laden ont même eu lieu à La Mecque, où l'activisme politique à visage découvert est sinon absolument inexistant.

Partout, note le Washington Post, les Musulmans acclament Ben Laden «pratiquement d'une seule voix». Internet résonne d'hymnes à sa gloire, homme «d'une grande foi et d'une volonté de fer». Un Saoudien explique qu'«Oussama est un très, très, très, très bon Musulman». Un Kenyan ajoute: «Chaque Musulman est Oussama Ben Laden.» «Oussama n'est pas un individu, mais l'un des noms de la Guerre Sainte», peut-on lire sur une banderole au Cachemire. Et la déclaration peut-être la plus extravagante de toutes vient du Pakistan, où un homme déclara que «Ben Laden est l'Islam. Il incarne l'Islam.» En France, les membres de la Jeunesse islamique scandent le nom de Ben Laden en lançant des pierres aux non-Musulmans.

Les Palestiniens en sont particulièrement entichés. Selon Hussam Khadir, un membre du Fatah, le parti de Yasser Arafat, «Ben Laden est actuellement le personnage le plus populaire en Cisjordanie et à Gaza, où il n'est devancé que par Arafat». Une jeune fille de dix ans annonce qu'elle l'aime comme un père. Et elle n'est pas la seule. «Tout le monde aime Oussama Ben Laden aujourd'hui. Il est l'homme le plus vertueux du monde», déclare une femme palestinienne. Un agent de police de l'Autorité palestinienne l'appelle «le plus grand homme au monde et notre messie», pendant qu'il disperse sans conviction des étudiants exprimant leur solidarité avec le Saoudien en défilant dans la rue.

Les résultats de sondages nous aident à mieux comprendre ces sentiments. Dans les territoires de l'Autorité palestinienne, un sondage de Bir Zeit révèle que 26% des Palestiniens considèrent les attentats du 11 septembre comme conformes à la loi islamique. Au Pakistan, une étude de Gallup arriva à un résultat presque identique (24%) sur la même question. Et même ceux qui considèrent les attaques comme des actes de terrorisme (64% des Palestiniens et des Pakistanais) disent les respecter en tant que défis politiques et prouesses techniques. «Bien entendu, nous sommes gênés par le fait que tant de gens aient péri à New York. Mais en même temps, nous sommes pleins d'admiration pour ce qui a été accompli», résume une jeune femme au Caire.

Un sondage Internet s'adressant aux Indonésiens révèle que 50% d'entre eux considèrent Ben Laden comme un «justicier» et 35% comme un terroriste. D'une manière plus générale, je pense que Ben Laden jouit du soutien moral de la moitié du monde musulman.

Le fait que les politiciens et les experts américains sur l'Islam s'obstinent à présenter Ben Laden comme un individu isolé comparable à McVeigh est inquiétant; ils méconnaissent ainsi le danger que représente l'Islam militant de Ben Laden pour les gouvernements en place, alors qu'il s'agit peut-être de leur plus important défi actuel. La crainte qu'il leur inspire est manifeste à travers leurs énormes efforts visant à décourager les expressions de solidarité à son égard (interdiction d'affiches à son effigie, arrestation de leaders de l'Islam militant, dispersement de rassemblements, fermeture d'écoles et d'universités, patrouilles dans les rues avec des mitrailleuses prêtes à faire feu, et même tirs sur des manifestants).

Le vaste et profond enthousiasme manifesté par les Musulmans pour Ben Laden constitue une évolution extrêmement importante qu'il s'agit de comprendre, et non d'ignorer.

La victoire transforme le monde musulman, par Daniel Pipes, New York Post, 19 novembre 2001

Lu plus de six ans après, en pleine confirmation de la déconfiture de l'OTAN en Afghanistan, cet article prends tout son sel... Daniel Pipes garde sa qualité de prophète. La victoire en Afghanistan due à un formidable sursaut de fermeté de la part de l'Amérique, lui permet d'échapper à la défaite totale à laquelle les attentats du 11 septembre la destinait.

Le matin du 9 novembre, le régime des talibans régnait sur près de 95% de l'Afghanistan. Dix jours plus tard, il ne contrôlait plus que 15% du pays. Cet effondrement est essentiellement dû au fait que de nombreux soldats talibans, effrayés par la puissance aérienne américaine, changèrent de camp pour rejoindre l'Alliance du Nord soutenue par les États-Unis.

Selon un analyste, «les passages à l'ennemi, même en plein combat, sont à la base de la chute rapide, dans tout le pays, des milices talibanes qui régnaient jusqu'alors en Afghanistan». Cette évolution s'inscrit dans un cadre plus large; après la démonstration de force américaine, les Afghans considèrent maintenant l'Islam militant comme un projet sans avenir. Et ils ne sont pas les seuls: des Musulmans du monde entier partagent ce sentiment.

Si l'Islam militant a remporté sa plus grande victoire le 11 septembre, il se pourrait bien que l'agonie de ce mouvement meurtrier ait commencé dès le 9 novembre (lorsque les talibans perdirent leur première grande ville).

«Les saints guerriers pakistanais désertent les rangs des talibans et rentrent chez eux en grand nombre», relatait Associated Press vendredi. Dans les rues de Peshawar, «les portraits d'Oussama Ben Laden ne trouvent plus preneurs. Ici, juste après le col de Khyber, au coeur de l'Afghanistan, justement là où elle revêt toute son importance, l'aura mystique des talibans est en train de s'évanouir».

À peine quelques semaines auparavant, des foules compactes de militants islamiques se pressaient dans les rues étroites de Peshawar, spécialement les vendredis, pour écouter des discours pleins de venin contre les États-Unis et Israël, brûler des images du président Bush et peut-être affronter la police anti-émeute. Mais vendredi dernier, l'ambiance était très différente à Peshawar.

Ce jour-là, des foules plus clairsemées et plus discrètes écoutèrent des discours plus sobres. Aucune image ne fut brûlée et un observateur jugea même que les quelques policiers présents avaient l'air d'«un groupe de vieux copains en balade».

Une tendance similaire est constatée dans les pays arabophones. Martin Indyk, ex-ambassadeur américain en Israël, relève que neuf manifestations anti-américaines ont eu lieu pendant la première semaine suivant le début des attaques aériennes américaines, le 7 octobre. Leur nombre fut ensuite de trois pendant la deuxième semaine, d'une pendant la troisième semaine et de deux pendant la quatrième. «Puis, plus rien», observe Indyk. «La rue arabe est calme.»

Et il en fut de même dans les régions plus éloignées du monde musulman, Indonésie, Inde, Nigeria, où les manifestations tonitruantes de septembre ne sont plus que de lointains souvenirs.

Le succès militaire américain a également encouragé les autorités à intervenir. Ainsi, en Chine, le gouvernement n'a interdit la vente de badges célébrant la gloire d'Oussama Ben Laden («Je suis Ben Laden. Je ne crains personne») qu'après le début des victoires américaines.

De même, le souverain effectif d'Arabie Saoudite pressa les dirigeants religieux de se montrer prudents et responsables dans leurs déclarations («pesez chaque mot avant de le prononcer») lorsqu'il constata que Washington prenait les choses au sérieux. Et le gouvernement égyptien est devenu plus agressif envers ses éléments islamistes.

Ce changement d'attitude résulte du changement de comportement américain.

Voilà maintenant une vingtaine d'années, soit depuis que l'ayatollah Khomeiny accéda au pouvoir au Iran, en 1979, au cri de «Mort à l'Amérique», que les ambassades, les avions, les navires et les casernes des États-Unis sont régulièrement pris pour cibles, causant la mort de centaines d'Américains. La réaction de Washington resta presque imperceptible.

Ainsi, à mesure que les Musulmans observaient l'Islam militant infliger une défaite après l'autre aux États-Unis, un ennemi pourtant beaucoup plus puissant, ils furent de plus en plus nombreux à conclure que l'Amérique, malgré toute sa richesse, était fatiguée et ramollie. Ils regardaient, fascinés, l'audace croissante de l'Islam militant, qui culmina dans l'initiative du leader des talibans Oussama Ben Laden déclarant le djihad contre l'ensemble du monde occidental et appelant de ses voeux rien moins que «l'extinction de l'Amérique».

Les attentats du 11 septembre devaient constituer une étape majeure vers la défaite totale de l'Amérique en démoralisant la population, en provoquant des troubles, voire en marquant le début d'une série d'événements qui auraient conduit au renversement du gouvernement des États-Unis.

Au lieu de cela, les plus de 4000 victimes suscitèrent un vibrant appel à prendre les armes. à présent, deux mois plus tard, le déploiement de la puissance américaine a compromis les projets de l'Islam militant.

Le schéma est évident: aussi longtemps que les Américains subissaient passivement les attaques meurtrières de l'Islam militant, ce mouvement trouvait un soutien croissant parmi les Musulmans. Lorsque les Américains se décidèrent à combattre l'Islam militant, son attrait diminua rapidement.

En d'autres termes, la victoire sur les champs de bataille a non seulement pour avantage manifeste de protéger les États-Unis, mais aussi pour effet secondaire notable de crever l'abcès d'anti-américanisme qui avait engendré ces attaques.

La conclusion est claire: rien ne remplace la victoire. Le gouvernement des États-Unis doit poursuivre la guerre contre la terreur en affaiblissant l'Islam militant partout où il existe, de l'Afghanistan à Atlanta.

Qui est l'ennemi?, par Daniel Pipes, Commentary, janvier 2002

L'ennemi est l'Islam militant. La victoire en Afghanistan n'est qu'une étape.

Avec qui, ou quoi, les Etats-Unis sont-ils en guerre? La réponse à cette question a des implications profondes pour la stratégie, la diplomatie publique, la politique étrangère et la politique nationale. Il semblerait que la réponse soit évidente, mais ce n'est pas le cas. Durant les premières semaines après le 11 septembre, chaque fois où le Président Bush mentionnait l'ennemi, il insistait sur le fait que ce n'était ni les Afghans, ni les Musulmans, mais des gens qu'il appelait "ceux qui font le mal" ou les "mauvais". Ces appellations bizarres et même un peu comiques, semblent avoir été choisies délibérément pour n'offenser personne ni aucun groupe. Cela permettait aussi à Bush de regrouper sous un même vocable toute une séries d'événements avant même de savoir qui en était responsable. Ainsi quand les mystérieuses lettres à l'anthrax apparurent, il put blâmer ces mêmes "faiseurs du mal" qui continuaient à essayer de faire du mal à l'Amérique et aux Américains.

Quel était le but de ces auteurs d'actes criminels? Sur ce sujet le Président Bush a aussi prudemment parlé en termes très généraux. Ils sont des gens "motivés par la haine", ou, de manière un peu plus spécifique, "des gens sans pays", ou encore à une autre occasion, "des gens essayant de prendre un pays, des parasites du pays hôte". Quand il aborda le sujet de ce que les Etats-Unis prévoyaient de faire, le Président a été encore plus prudent, parlant essentiellement de "poursuivre les auteurs du mal et de les traduire en justice". Même après le début de la guerre en début octobre, Bush n'a pas cherché à être plus précis, se référant aux hostilités comme "un effort commun pour éradiquer le mal là où nous le trouverons". La seule innovation fut d'introduire le concept de "guerre contre le terrorisme" quelquefois appelée aussi "guerre contre le terrorisme et le mal". Mais cela est encore plus confus. Le terrorisme est une tactique militaire utilisée par divers groupes et individus de par le monde pour des fins diverses. Parler de "guerre contre le terrorisme" c'est comme parler de guerre contre les armes de destruction massive. Il faut d'abord savoir qui déploie ces armes et pour quelles raisons.

Quels sont les buts de cette guerre? Ils sont tout aussi troubles. Quand Bush annonce le début des opérations militaires le 7 octobre il en définit le but comme "le démembrement et ... la défaite du réseau mondial de la terreur", un néologisme encore une fois très imprécis. Que cherche ce réseau de la terreur? D'autres qu'AL Qaida en sont-ils membres? Comprend-il les groupes islamistes militants comme le Hezbollah ou le Hamas? Comprend-il des groupes non musulmans comme l'IRA ou les Tigres Tamouls, des états comme l'Irak?

Le secrétaire d'état Donald H Rumsfeld en particulier a semblé troublé par l'imprécision des ces buts dangereusement ambitieux. Il a même très vite rejeté comme irréaliste l'idée "d'éliminer le terrorisme de la surface de la terre", tout en proposant des buts aussi vagues. Rumsfeld a déclaré que les Américains étaient un peuple épris de liberté et que donc sa définition de la victoire était un environnement où ils "pourront vivre pleinement ces libertés" et où d'autres seraient dans l'impossibilité "d'affecter négativement notre mode de vie". C'est admirable mais ce n'est certainement pas un objectif que l'on peut confier à un général en lui disant "Voilà ta mission". Le déroulement de la "guerre contre le terrorisme" n'a pas éclairé la situation. Le but déclaré au départ en Afghanistan n'était pas d'extirper le régime Taliban mais seulement de le contraindre à livrer Osama Ben Laden et ses acolytes; ce n'est qu'après que les Taliban aient refusé que les Etats-Unis se sont attaqués à eux avec toutes leurs forces. Le même scénario risque de se reproduire avec l'Irak. A la fin novembre le Président a exigé que Saddam Hussein autorise à nouveau l'inspection de ses sites susceptibles de contenir des armes de destruction massive ou subisse les conséquences de son refus. Quand on l'interrogea lors d'une conférence de presse sur ce que pourraient être ces conséquences, Bush a répondu de manière énigmatique: "il le découvrira par lui-même".

Un observateur bien informé au moins a compris que Bush ne savait pas ce qu'il allait faire en suite.* En effet dès décembre il semblait clair qu'au delà de l'Afghanistan le gouvernement américain n'avait encore pris aucune décision.

C'est tout à fait compréhensible. Conceptuellement, le conflit dans lequel les Etats-Unis se sont engagés est quelque chose de neuf. C'est un combat contre des ombres -- personne, par exemple, n'a encore pris la responsabilité pour les attentats du 11 septembre -- et ce fait seul rend absurde les buts conventionnels d'une guerre comme la défaite d'une armée ou l'occupation de territoires. Les Etats-Unis ont été pris par surprise et sans aucune préparation le 11 septembre. Quel que soit le nombre de fois où les Américains ont été frappés par le terrorisme auparavant ils ne s'étaient jamais attendus à lancer une guerre à grande échelle contre l'ennemi.

L'usage d'euphémismes en temps de guerre peut présenter des avantages, d'autant plus quand on ne sait pas où on va. En se retrouvant en situation d'urgence le 11 septembre, le gouvernement a instinctivement évité d'être spécifique pour ne pas se lier les mains. En désignant les "faiseurs du mal" et les "terroristes" sans mentionner d'autre nom que celui de Ben Laden permettait le maximum de flexibilité. En n'insultant personne en particulier Washington pouvait attirer plus facilement des partenaires potentiels de la "coalition contre la terreur" menée par les Etats-Unis. De la même manière l'Administration pouvait, au moins théoriquement, ajouter ou retrancher des cibles au gré des circonstances; un partenaire d'aujourd'hui, la Syrie par exemple, pouvant devenir un méchant de demain.

Mais l'imprécision a aussi son coût. Si les politiques assignent à leurs militaires des objectifs imprécis ou contradictoires, leurs efforts rencontreront les pires difficultés, comme l'a écrit Carl von Clausewitz dans "Sur la Guerre" (1832). L'histoire de la guerre au cours des âges confirme cette règle, comme les Américains ont pu le noter durant les récentes décades (depuis la traversée de l'Europe trop lente par Eisenhower pour éviter l'avance soviétique durant le 2ème Guerre Mondiale jusqu'au Général Schwarzkopf d'éliminant pas le Garde Républicaine de Saddam Hussein durant l'Opération "Tempête du Désert"). Il n'y a pas que les généraux qui ont besoin de savoir qui ils combattent ou ce pourquoi ils se battent, l'administration, les amis et ennemis étrangers et bien sûr le peuple américain doivent aussi le savoir.

Qui alors est l'ennemi? Le message du 11 septembre était très clair, ne permettant aucune ambiguïté: l'ennemi était l'islamisme militant. Pas étonnant alors que, avant même de savoir qui était effectivement responsable, le gouvernement ait été réticent à désigner le coupable. En plus des considérations déjà citées, il y avait des précédents historiques récents pour l'en détourner.

En février 1995, au moment de la pire violence opposant en Algérie les groupes islamistes armés les plus sanguinaires au gouvernement répressif, le Secrétaire général de l'OTAN Willy Claes déclara que, depuis la fin de la guerre froide, "le militantisme islamique était apparu comme la menace la plus grave contre l'alliance atlantique et la sécurité de l'Occident". En effet Claes avait dit que, non seulement l'Islamisme représentait pour l'Occident le même type de menace qu'avait représenté auparavant le Communisme, mais que le danger était plus grand car l'Islamisme militant comprenait des éléments de "terrorisme, de fanatisme religieux et d'exploitation sociale et d'injustice économique".

Claes avait entièrement raison, mais ses déclarations ont été accueillies comme un outrage par l'ensemble du monde musulman, et il fut obligé de se rétracter ou de démissionner. "Le fondamentalisme religieux qu'il soit islamique ou autre, n'est pas une préoccupation de l'OTAN" dut-il expliquer humblement.

A la suite du 11 septembre il est peut-être plus facile de dire ce que Claes ne fut pas autorisé à dire, mais pas entièrement, et certainement pas pour quelqu'un qui n'est pas en position d'autorité. Il est certain que personne ne désire repasser par où Claes est passé. Et pourtant la réalité est là et est incontournable.

Depuis au moins 1979, lorsque l'Ayatollah Khomeini prit le pouvoir en Iran avec le cri de guerre "mort à l'Amérique", l'islamisme militant a été l'ennemi déclaré des Etats-Unis. Il en est devenu maintenant l'ennemi numéro 1. Les organisations terroristes que vise Washington, les immigrants qu'il interroge, ou les états qu'il soupçonne, tous sont islamistes ou liés aux islamistes. Washington peut ne pas dire ce qu'il pense, ses actions révèlent sa pensée profonde.

Définir l'Islam militant comme l'opposant au long terme lui causant le plus de soucis n'est pas ignorer les autres opposants. Les Etats-Unis ne manquent d'adversaires non islamistes: les tyrannies communistes de Corée du Nord et de Cuba, les dictateurs arabes en Irak, Syrie et Libye, et quelques autres de moindre importance. Mais ces adversaires, y compris Saddam Hussein, ne disposent pas de ce qui rend les islamistes militants si dangereux: sa ferveur idéologique, sa portée, son ambition et sa capacité à résister. Bien que la population à laquelle s'adresse l'islamisme soit limitée aux Musulmans, elle représente au total un sixième de la race humaine, avec un taux de naissances élevé et on le trouve dans toutes les parties du monde.

Au moment où les extrêmes venus d'Europe de la gauche communiste et de la droite fasciste sont en perte de vitesse et inefficaces, l'islamisme militant s'est montré le seul mouvement totalitaire réellement vivant dans le monde d'aujourd'hui. Comme tous ses leaders l'ont clairement déclaré, l'un après l'autre, ils se voient comme le seul rival de la civilisation occidental et son successeur inévitable. Bien que de nombreux observateurs occidentaux (qui se trompent) ont qualifié cet islamisme de croyance mourante,** c'est une force avec laquelle il faudra probablement compter pendant des dizaines d'années encore. Quelles populations précisément forment l'islamisme militant. On peut les classer en trois éléments principaux.

Le premier cercle comprend Osama Ben Laden et ses semblables, les 19 pirates de l'air du 11 septembre, Al Qaida, les chefs du régime Taliban en Afghanistan, et le réseau des autres groupes violents qui s'inspirent de l'idéologie islamique militante. Ces groupes ont pour la plupart été créés depuis 1970, devenant une force de plus en plus importante dans le monde musulman. Le réseau, baptisé "Islaminterm" par certains critiques musulmans, comporte des variantes Chiites et Sunnites. Il attire riches et pauvres et est actif dans des régions aussi éloignées que l'Afghanistan, l'Algérie, l'Argentine. En 1983, ses membres lancèrent une campagne de violence contre les Etats-Unis dont le point culminant, le triomphe, fut l'opération spectaculaire du 11 septembre. Au total, le réseau comporte un nombre de membres inversement proportionnel à leur fanatisme, quelques milliers en tout.

Le second cercle comprend une population beaucoup plus importante de militants favorables à la vision radicale et utopique d'Al Qaida mais ne faisant pas partie de celui-ci. Leurs opinions ont été visibles dès que les hostilités ont commencé en Afghanistan: les dizaines de milliers de manifestants et de mudjahidins qui exprimaient leur haine absolue de l'Amérique, et appelaient de leurs voeux de nouveaux actes de violence. Des pays habituellement calmes et qui ne sont pas berceaux du radicalisme se sont réveillés pour protester contre la campagne américaine. Les cris et slogans de ces islamistes partout dans le monde se ressemblaient beaucoup:

Indonésie: "US en enfer"! Malaisie: "l'Amérique en enfer" et "Détruisons l'Amérique"! Bangladesh: "Mort à l'Amérique" et "Osama aide nous"! Inde: "Mort à l'Amérique, Mort à Israël, Talibans nous vous saluons"! Sri Lanka: "Bin Laden nous sommes avec toi"! Oman: L'Amérique est l'ennemi de Dieu"! Yémen: L'Amérique est le grand Satan"! Egypte: "USA en enfer, les Afghans gagneront"! Soudan: "A bas l'Amérique"! Bosnie: "Vive Ben Laden"! Grande Bretagne: "Tony Blair brûlera en enfer"!

Autant qu'on peut l'estimer de données électorales, d'enquêtes et de données partielles et de l'opinion d'observateurs chevronnés, cet élément islamiste représente de 10 à 15% de la population musulmane totale d'un milliard de personnes, soit environ 100 à 150 millions de personne de par le monde.

Le troisième cercle comprend les Musulmans qui n'acceptent pas la totalité du programme des islamistes mais sont d'accord avec son anti-américanisme fondamental. On rencontre ce sentiment dans tout l'éventail politique. Un fasciste laïc comme Saddam Hussein partage cette haine des Etats-Unis avec les gauchistes du PKK kurde et avec un personnage aussi singulier que Mouamar Kaddafi. Les enquêtes d'opinion fiables dans le monde arabe n'existent pas, mais mon évaluation est que la moitié des Musulmans, soit 500 millions de personnes, ont plus de sympathie envers Osama Ben Laden et les Talibans qu'envers les Etats-Unis. Il est glaçant de penser qu'une telle multitude de gens haïssent les Etats-Unis. Cela ne veut pas dire que l'anti-américanisme est universel chez les Musulmans où d'importants bastions pro-américains subsistent. Parmi ceux-ci on trouve le corps des officiers de l'armée turque, qui sont les arbitres absolus des destinées de leur peuple, plusieurs leaders de républiques à majorités musulmanes de l'ancienne URSS, les éléments dissidents qui émergent en Iran, et, de manière plus générale, les Musulmans qui ont vécus directement sous la coupe des Islamistes.

Ensemble ils ne représentent qu'une minorité. Ailleurs, partout, l'anti-américanisme redresse la tête: aussi bien parmi les femmes protégées de l'élite saoudienne que chez les habitants mâles des taudis du Caire, parmi les personnes âgées du Pakistan et les étudiants des écoles musulmanes de Washington. Cette hostilité ne se limite pas aux sentiments. Depuis le Vietnam, et même avant le 11 septembre, plus d'Américains sont morts de la main de radicaux islamistes que de tout autre ennemi.

La situation est grave, mais elle n'est pas désespérée, pas plus qu'elle ne l'était au plus noir de la guerre froide avec l'Union Soviétique. Ce dont nous avons besoin, maintenant comme alors, c'est de désigner avec précision et honnêteté l'ennemi et d'avoir des conceptions claires pour le confronter. Le premier pas dans ce sens est de comprendre que, paradoxalement au vu des statistiques ci-dessus, les Etats-Unis ne sont pas engagés dans un bataille totale entre l'Islam et l'Occident, ni dans ce qu'on a appelé un "choc des civilisations".

Ce terme qui a été rendu célèbre a d'abord été avance par l'analyste politique Samuel Huntington. Il a été repris, de manière diabolique, par Osama Ben Laden. L'idée est sans aucun doute attrayante, mais elle n'est pas exacte. Il est vrai que de nombreux islamistes recherchent cette confrontation, convaincus qu'ils sont que l'Islam prévaudra et deviendra universel. Mais de nombreux faits contredisent une vue aussi totalisante de la situation objective.

D'une part, la violence contre les Américains, et contre les Israéliens, les occidentaux et les non-Musulmans en général, n'est qu'une des parties de l'histoire. L'inimitié des islamistes envers les Musulmans qui ne partagent pas leurs vues est tout aussi violente. Le règne des Talibans en Afghanistan ne l'a-t'il pas suffisamment démontré? Les atrocités sans nombres et les actes de cruauté gratuite envers leurs frères musulmans suggèrent une attitude presque génocidaire. Ce que l'on ressent quand on est libéré d'une répression tellement cruelle a été montré clairement par le rapport du New-York Times dans une ville d'Afghanistan le 13 novembre:

Durant les 12 heures depuis que les soldats talibans ont quitté la ville, une humeur joyeuse s'est intallée. Les gens de Taliqan qui ont vécu pendant deux ans sous l'oppressive loi islamique des Talibans, sont descendus dans la rue pour rejeter les restrictions qui s'étaient appliquées aux aspects les plus intimes de leur vie. Les hommes ont jeté leurs turbans aux ornières. Les familles ont exhumé leurs postes de télévision cachés. Les restaurants ont diffusé de la musique. On a allumé des cigarettes et les jeunes gens ont annoncé leurs intentions de laisser pousser leurs cheveux.

Les Talibans n'ont pas été une exception. Des militants islamistes ont brutalisé des Musulmans partout où ils ont eu un pouvoir ou ont cherché à obtenir le pouvoir. J'ai déjà mentionné l'Algérie, pays où, grâce à une décade de barbarie par les islamistes, on compte plus de 100 000 victimes, dont le nom est devenu le synonyme de la violence contre des coreligionnaires. De semblables orgies de meurtres, à plus faible échelle, se sont produites en Egypte, au Liban, en Turquie. Et comment qualifier la guerre de l'Iran islamiste contre l'Irak non islamiste après 1982 avec ses centaines de milliers de morts musulmans? L'islamisme militant est une idéologie totalitaire qui ne fait aucune différence entre ceux qui se dressent sur son chemin.

Une autre raison pour douter de la notion de choc des civilisations est que ce concept conduit à ignorer des distinctions importantes et même cruciales entre civilisations. De telles distinctions apparurent avec beaucoup d'émotion en 1989, quand une minorité significative de Musulmans de par le monde protestèrent contre la fatwa émise par l'ayatollah Khomeini condamnant à mort Salman Rushdie. En Iran même, 127 intellectuels signèrent une pétition contre cette fatwa de Khomeini, alors que plusieurs occidentaux en vue cherchèrent à lui trouver des excuses ou à la "comprendre". Dans une déclaration typique, par exemple, le président de la conférence des évêques français expliqua que les Versets Sataniques étaient "une insulte à la religion", comme si cela justifiait suffisamment la menace de mort contre Rushdie.

Prenons un autre exemple plus proche, dans le temps et dans l'espace. Après le 11 septembre, une enquête d'opinion dans la catholique Italie constata qu'un quart des Italiens considéraient que les Américains n'avaient eu que ce qu'ils méritaient. Même certains Américains se sont rangé derrière les attaquants, ou tout au moins ont approuvé les cibles qu'ils avaient choisies: "je vote pour quiconque peut faire exploser le Pentagone" déclara un professeur de l'université du Nouveau Mexique. Ces gens font-ils partie pour autant du monde islamiste? Et que dire des centaines de millions de Musulmans qui ont été horrifiés par ces attentats suicides? Ne font-ils pas partie du monde musulman?

Ceci nous amène à une vaste question liée à la précédente, le "problème" est-il inhérent à l'Islam lui-même? Comme toutes les grandes religions, l'Islam est sujet à diverses interprétations, allant du mystique au militantisme, du plus doux au plus révolutionnaire. Ses idées les plus fondamentales ont donné lieu à des explications des plus contradictoires. En même temps, l'Islam, à la différence d'autres religions, contient un vaste arsenal de règles concernant le vie publique et les relations avec les non-croyants. Celles-ci sont à l'opposé des sensibilités modernes et elles n'ont pas encore été abandonnées. En bref, le dur travail d'adaptation de l'Islam au monde contemporain n'a pas encore eu lieu. Ce fait à lui seul explique l'attrait de l'idéologie islamiste militante.

Cette idéologie n'est pas un phénomène neuf. Ses racines remontent au mouvement Wahabite du 18ème siècle, aux écrits d'Ibn Taymiya au 13ème siècle et même aux Kharijites du 7ème siècle. Mais, comme il se doit pour une idéologie moderne, la version actuelle englobe un nombre plus grand d'aspects de la vie (par exemple, la dimension économique) que les avatars d'avant l'ère moderne. Elle a aussi emporté plus de succès politique. Une compréhension radicale de l'Islam a couvert une étendue plus importante que durant les 14 siècles de l'histoire de l'Islam.

Le radicalisme est la réponse actuelle enragée à la question qui a hanté les Musulmans pendant les 200 ans où le pouvoir et la richesse dont bénéficiait le monde de l'Islam s'en est lentement allé au cours des 5 siècles avant l'année 1800, et où d'autres peuples et nations se sont eux développés. Qu'est-ce qui s'est détraqué? Si l'Islam apporte la bénédiction divine, selon sa croyance, pourquoi les Musulmans se portent-ils aussi mal? Les Musulmans se sont tourné vers de nombreuses idéologies extrémistes dans la période moderne, du fascisme au léninisme, au pan-arabisme et même au pan-syrianisme, dans des tentatives de trouver une réponse à cette question par tout autre moyen que l'introspection, la modération, l'auto-entraide. L'islamisme militant s'avère la plus populaire, la plus cause d'illusions et la plus désastreuse de toutes ces idéologies.

Mais la nature sans précédent de sa dominance, ironiquement, présente un espoir. L'interprétation militante qui se développe aujourd'hui peut régresser dans le futur. Le jihad terroriste contre l'occident est l'une des lectures de l'Islam, ce n'est pas la quintessence éternelle de l'Islam. Il y a 40 ans, au plus haut du prestige de l'Union Soviétique, et durant les beaux jours du nationalisme pan-arabe, l'islamisme militant n'avait quasiment pas d'influence politique. Ce qui a provoqué son émergence est en soi une question fascinante, mais le point que je veux faire est que, de même que l'islamisme militant n'était pas une force politique importante il y a à peine 40 ans, il est raisonnable de penser qu'il ne le sera plus dans 40 ans. Par contre, si l'extrémisme d'aujourd'hui était réellement une partie intégrante de l'Islam, il n'y aurait pas de solution autre que de mettre en quarantaine, ou de convertir, un sixième de l'humanité. A tout le moins, ni l'une, ni l'autre de ces perspectives ne sont réalistes. Si le heurt qui fait trembler la terre aujourd'hui n'est pas entre deux civilisations, il est pour le moins un heurt entre les membres d'une même civilisation, spécifiquement entre les islamistes et ceux que nous appellerons, par manque d'un meilleur terme, les Musulmans modérés. Comprenons bien que "modéré" ne signifie pas libéral, ni démocratique, mais seulement anti-islamiste. Tout comme les idéologies occidentales perverties du fascisme et du communisme furent une menace pour l'occident et durent être extirpées, il en va de même pour l'islamisme et le monde musulman. La bataille pour l'âme de l'Islam durera sans aucun doute de nombreuses années et causera de nombreuses victimes; elle sera la plus grande bataille idéologique de l'ère postérieure à la guerre froide.

Où cela nous conduit-il? Les Etats-Unis, pays éminemment non musulman, ne peut évidemment pas régler les problèmes du monde musulman. Il ne peut pas plus résoudre le traumatisme de l'Islam moderne, ni même réduire le sentiment anti-américain qui prévaut dans le monde musulman. Dans la bataille entre Musulmans nous serons des étrangers. Mais les étrangers, les Etats-Unis en particulier, peuvent apporter une aide décisive pour amener plus vite la fin de la guerre et en influencer l'issue. Ils peuvent atteindre ces buts en affaiblissant le camp islamiste et en aidant le camp modéré. Le processus a déjà commencé dans cette guerre dite contre le terrorisme, et ses premiers résultats sont évidents en Afghanistan. Aussi longtemps que les USA ne s'en sont pas mêlés, les Talibans régnèrent dans ce pays et l'Alliance du Nord apparaissait comme une force inefficace. Dès que les USA s'impliquèrent militairement, les Talibans s'effondrèrent et l'Alliance du Nord balya tout lepays en quelques semaines. La tâche est la même à plus grande échelle: affaiblir les islamistes là où ils détiennent le pouvoir, décourager leur expansion, et apporter son soutien aux éléments modérés.

Affaiblir l'islamisme militant demandera une politique faisant preuve d'imagination et de fermeté, adaptée à chaque pays. L'impact de la puissance américaine a déjà été ressenti en divers endroits, de l'Afghanistan, où elle a renversé le gouvernement, aux Philippines, où 93 millions de dollars d'aide militaire et de sécurité, plus un contingent de conseillers, aide à la défaite que le gouvernement inflige aux insurgés islamistes. Au Pakistan, le FBI entraîne les agents du service de l'immigration à détecter les terroristes cherchant à s'infiltrer à partir de l'Afghanistan. Les régions en anarchie de la Somalie seront peut-être les prochaines sur la liste.

Dans certains cas le changement se fera brutalement et rapidement, dans d'autres, l'évolution sera lente et prendra longtemps. Au Pakistan, l'état doit à être forcé à prendre le contrôle des célèbres madrasas (les écoles religieuses) qui inculquent l'extrémisme et promeuvent la violence. En Iran et au Soudan, un effort sur plusieurs voies beaucoup plus vigoureux et prolongé sera nécessaire pour faire cesser le règne de l'islamisme. Au Qatar, siège de la chaîne de télévision al-Jazira, le porte-parole d'Osama Ben Laden, la pression doit être mise sur le gouvernement pour promouvoir les enseignements d'un Cheikh modéré plutôt que ceux de l'extrémiste Yousouf-el-Qaradawi (celui qui a prêché "à l'heure du jugement les Musulmans combattront les Juifs et les tueront").

Le cas de l'Arabie Saoudite est particulier, car c'est la patrie d'Osama Ben Laden et de 15 de ses terroristes suicides. C'est le lit d'où sont sorties les idées qui guident les Talibans et la source de la plupart des fonds du réseau islamiste dans le monde. Bien que les dirigeants saoudiens aient mis en place une relation de travail avec l'occident depuis des dizaines d'années, ils ont permis aux militants islamistes d'occuper le discours public du royaume. L'islamisme doit être éradiqué des livres scolaires (où, par exemple, un élève de seconde apprend que "les Musulmans doivent obligatoirement être loyaux les uns envers les autres et considérer les infidèles comme des ennemis"), des médias et du reste de la vie publique. Sur d'autre fronts, les centres monétaires dans le monde, des Emirats Arabes Unis à Hong-Kong, devront être forcés à combattre et éradiquer le blanchiment d'argent pour Al Qaida par le biais des organes de "charité islamique". Le Président Chirac a reconnu que l'Europe avait été un havre pour les extrémistes islamiques. Ce problème doit être pris au sérieux et résolu énergiquement.

La guerre contre l'islamisme militant a des implications internes aux Etats-Unis également, car le danger dans le pays n'est pas moindre qu'à l'étranger. L'objectif est d'empêcher les anti-occident en notre sein de nous faire du mal, et les moyens à employer incluent les expulsions, emprisonnements, et tout moyen de les empêcher d'agir. Ceci implique une révision drastique de nos lois d'immigration, en particulier la fin de l'assomption naïve que toute personne qui désire immigrer aux Etats-Unis lui veut du bien. Cela signifie la mise en place d'un filtre idéologique dans les procédures d'admission et, comme l'a dit le Président, "ajouter de nombreuses questions que l'on n'avait pas posées jusqu'à présent". Cela signifie réprimer avec la plus grande fermeté les fondations islamistes dites charitables qui servent de relais aux transferts de fonds vers les groupes terroristes. Et cela signifie des tribunaux militaires lorsque c'est nécessaire avec restriction des droits de la défense dans certains cas. Enfin, lorsque cela paraît approprié, l'usage du profil psychologique pour découvrir les terroristes dormants et autres. De la manière la plus évidente, cela signifie aussi que le Président doit cesser de rencontrer, et ainsi légitimer, des leaders islamistes militants, comme il l'a fait à de maintes reprises à la fois avant et après le 11 septembre.***

Il ne faut pas nous faire d'illusions. Si les Etats-Unis ont plus de 100 millions d'ennemis islamistes (sans compter un nombre encore plus grand de Musulmans qui nous vouent aux gémonies) ils ne peuvent pas être tous mis hors d'état de nuire. Le but doit donc être de les décourager d'agir et de les contenir. L'islamisme militant est trop populaire et prévalent pour être détruit militairement. Il ne peut qu'être empêché de nuire.

Pour reprendre l'expression de George Kennan dans "Les sources de la conduite soviétique", son article célèbre de 1947 sur la menace communiste, "l'élément principal de toute politique américaine envers (l'islamisme militant) doit être de contenir ses tendances expansionnistes patiemment, au long terme et de manière ferme et vigilante." Le but est de convaincre ses adhérents que l'usage de la force contre les Etats-Unis est au mieux inefficace et au pire contre-productif. Les Algériens, les Malaisiens ont le droit de se sentir anti-américains, ils ne peuvent pas agir contre les Etats-Unis ni faire du mal à ses ressortissants. La seule manière d'atteindre ce but est de leur faire peur. Cela requiert de la dureté, de la détermination, de la persévérance, telles que les Américains n'en ont pas fait montre depuis longtemps. Cela demandera aussi des alliés.

C'est là qu'interviennent les Musulmans modérés. Si environ la moitié du monde musulman hait l'Amérique, l'autre moitié ne la hait point. Malheureusement ils sont désarmés, troublés et sans voix. Les Etats-Unis n'ont pas besoin d'eux pour leur puissance. Ils ont besoin de leurs idées et pour la légitimité qu'ils lui donnent. En ceci leurs forces complètent celles de Washington.

Le gouvernement américain n'a pas d'autorité religieuse pour parler de l'Islam, même s'il ne s'en rend pas compte. D'un côté il y a Osam Ben Laden qui clame que le monde est divisé en bons Musulmans et méchants non-Musulmans, puis qui appelle au Jihad contre l'Occident. Comment un gouvernement laïque et en majorité chrétien peut-il répondre à cela? Certainement pas directement, bien que ce soit ce que l'Administration ait tenté inefficacement de faire.

Ainsi le 3 novembre, Christopher Ross, ancien ambassadeur, parlant au nom du gouvernement américain en arabe pendant 15 minutes sur la chaîne al-Jazira a cherché à réfuter les accusations d'Osama Ben Laden disant que l'Amérique est l'ennemi de l'Islam. Ross a aussi pris l'offensive en disant à son audience que les "auteurs de ces crimes n'ont aucun respect pour la vie humaine, même celle des Musulmans", et que Ben Laden était le vrai ennemi de l'Islam.

La prestation de Ross sur al-Jazira est l'une des nombreuses ouvertures lancées par Charlotte Beers, la Sous-Secrétaire d'Etat chargée de faire passer au monde musulman le message de l'Amérique. Beers, qui fut la présidente de l'agence de publicité Walter Thompson et Ogilvy &Mather, surnommée la reine du "branding", est partiellement responsable de l'ouverture du Centre d'Information de la Coalition (CIC), le centre de guerre pour l'opinion publique. Avec deux douzaines de collaborateurs le CIC propose des points de rencontre journaliers et hebdomadaires aux journalistes et il a mis au point une campagne pour convaincre les Musulmans de l'attitude favorable de l'Amérique envers eux et envers leur foi. Il s'est assuré qu'une quantité plus importante d'aide humanitaire arrive en Afghanistan pour le mois du ramadan. Le CIC a envoyé un "catalogue des mensonges des Talibans" aux journaux pakistanais et il a organisé des rencontres pour les journalistes de pays à majorités musulmanes avec les décideurs américains. Il emploie également la culture populaire pour modifier la perception de l'Amérique dans le monde musulman, en encourageant, par exemple, selon le magazine Variety, le dialogue entre jeunes spectateurs américains et moyen-orientaux de la chaîne vidéo musicale MTV.

En ce qui concerne l'Islam lui-même, le CIC a pour but, selon les paroles de Beers elle-même, de faire en sorte qu'il devienne difficile pour les Américains de ne pas reconnaître et respecter cette religion. Cela signifie des débats publics sur la compatibilité entre les valeurs américaines et islamiques, l'envoi de bandes vidéos d'un imam faisant une invocation devant le Congrès, et l'impression d'affiches décrivant les "Mosquées d'Amérique". On a pu remarquer l'invitation faite par le Président aux 50 ambassadeurs musulmans pour rompre le jeûne du Ramadan à la Maison Blanche, avec le Secrétaire d'Etat Powell et divers ambassadeurs américains dans le monde faisant de même. Un responsable du Département d'Etat a expliqué l'objectif de tout ceci comme étant de démontrer au monde musulman que les Américains considèrent les fêtes religieuses musulmanes avec autant de respect que les fêtes chrétiennes ou juives. Les plans pour l'avenir sont encore plus ambitieux, comprenant un réseau de radios au Moyen-Orient qui doit commencer à émettre en février en 26 langues et destiné spécialement aux jeunes Musulmans.

Ces plans atteindront-ils leurs buts? On peut en douter, même en mettant de côté les aspects les plus absurdes, comme l'utilisation de MTV pour construire un pont entre civilisations, ou d'essayer de rendre l'Aït-al-Fitr aussi précieuse aux Américains que Noël. Ainsi la performance de Ross a été catastrophique "on avait l'impression d'un robot parlant arabe" selon un observateur arabe. Plus en profondeur, même si les objectifs du CIC sont louables, il s'agit après tout d'une guerre des idées, les bases de la campagne sont gravement erronées. Il reviendra à quelqu'un d'autre qu'un publiciste de Madison Avenue, un non Américain, de conceptualiser et de faire passer le message anti-Ben Laden, quelqu'un ayant la crédibilité nécessaire auprès des Musulmans et une profonde compréhension de leur culture. Ce quelqu'un est le Musulman modéré, le Musulman qui hait l'idée de vivre ous un régime islamiste militant et qui recherche quelque chose de meilleur.

En ce qui concerne l'Islam, le rôle des Etats-Unis est moins de proposer ses propres vues que d'aider les Musulmans ayant des opinions compatibles sur des sujets comme les relations avec les non-Musulmans, la modernisation, les droits des femmes et des minorités. Cela signifie aider les modérés à diffuser leurs idées sur des radios financées par les US, comme la nouvellement créée Radio Afghanistan Libre, et, comme l'a suggéré la Sous-Secrétaire d'Etat pour les affaires mondiales, Paula Dobriansky, s'assurer que des personnalités musulmanes, imams, docteurs de la loi et autres, fassent partie des programmes d'échanges culturels et universitaires financés par les Etats-Unis.

Les anti-islamistes sont aujourd'hui faibles, divisés, ils ont peur et sont généralement inefficaces. Les perspectives d'un renouveau musulman sont plus sombres que jamais en ces temps de radicalisme, jihad, rhétorique extrémiste, conspirations et culte de la mort. Mais les modérés existent, et ils ont beaucoup à offrir aux Etats-Unis dans leur bataille contre l'islamisme militant, en particulier leur connaissance intime du phénomène et de ses faiblesses potentielles. Ils apportent de plus une légitimité à toute campagne contre l'islamisme, simplement en rendant l'accusation "d'islamophobie" insoutenable.

En Afghanistan, les Etats-Unis ont écrasé le régime taliban, puis ils ont confié le pays à l'Alliance du Nord plus modérée; c'est à l'Alliance d'exploiter l'opportunité ainsi créée par les Etats-Unis. Le même schéma s'applique dans tout le monde musulman. Washington ne peut faire qu'une partie du travail. La transformation de ses victoires militaires en succès politiques dépend en fin de compte des Musulmans. La lutte contre l'islamisme militant ne peut être gagnée que si l'Amérique a la volonté et la persévérance de la mener à bien à terme, et l'intelligence de comprendre que son message doit être porté par d'autres voix que la sienne.

* Robert Kagan, "En avant vers la Phase II" Washington Post, 27 novembre 2001.
** Voir ma critique de "L'Echec de l'Islam Politique" d'Oliver Roy, Commentary, juin 1995.
*** Mon article "Le Danger Intérieur: l'Islamisme Militant en Amérique" Commentary de novembre 2001.

La guerre contre le terrorisme doit viser l'Islam militant, par Daniel Pipes, Los Angeles Times, 6 janvier 2002

Qui combattons-nous? Deux principaux coupables ont émergé depuis le 11 septembre: le terrorisme et l'Islam. Mais la vérité est plus subtile et désigne un ennemi situé entre les deux ­ une version terroriste de l'Islam.

* Terrorisme. Le pouvoir établi, politiciens, universitaires, dirigeants religieux, journalistes ainsi que de nombreux Musulmans, déclarent que l'ennemi est le terrorisme. Celui-ci serait le fait de «mécréants» qui n'ont rien à voir avec l'Islam mais qui adhèrent à quelque obscur culte du terrorisme.

Le secrétaire d'État Colin Powell résumait cette vision des choses en affirmant que les attentats du 11 septembre «ne doivent pas être considérés comme l'oeuvre des Arabes ou des Musulmans; ce sont des actes de terroristes». Prétendre que l'ennemi est le pur «terrorisme», sans lien avec l'Islam, est tentant, car cela permet de faire l'impasse sur certaines questions délicates à propos de l'Islam et ainsi de faciliter la formation d'une coalition internationale ou de minimiser les répercussions intérieures.

Mais c'est absolument insensé. Le gouvernement des talibans, Al-Qaida, Oussama Ben Laden, John Walker Lindh, Richard Reid et Zacarias Moussaoui, tous sont de fervents Musulmans agissant au nom de leur religion.

Plus encore, ils ont bénéficié d'un large soutien dans le monde musulman (rappelons-nous les rassemblements massifs de gens brandissant des images de Ben Laden en septembre). Terroristes ils le sont, c'est certain, mais ils partagent également une série de croyances bien précises.

Jeter le blâme sur le «terrorisme», c'est ignorer ces croyances. Et cela peut nous coûter cher. Si les ennemis sont des terroristes «motivés par la haine», comme le pense le président Bush, que peut-on faire d'autre que de les tuer?

La haine est exempte d'idéologie ou de schéma intellectuel que nous pourrions tenter de réfuter. L'Occident n'a plus ainsi qu'à préparer ses armes en prévision de la prochaine attaque. Impossible d'élaborer une stratégie vers la victoire, nous devons nous contenter de tactiques visant à minimiser les dégâts.

* Islam. En Occident, l'homme de la rue préfère considérer le problème comme inhérent à la religion musulmane. Pour lui, les Arabes et les Musulmans sont les principaux ennemis des Chrétiens depuis plus d'un millénaire, et ils le resteront pour longtemps encore. Cette hostilité trouve sa source dans le Coran lui-même et est donc immuable, disent les défenseurs de cet argument que l'on trouve essentiellement parmi les rangs conservateurs ou évangéliques. Cette position non plus n'est pas tenable. Si les Musulmans étaient hostiles par nature, comment expliquer la Turquie, avec sa culture farouchement séculaire et ses bonnes relations constantes avec l'Occident?

Si tous les Musulmans acceptent les préceptes coraniques, comment expliquer que des dizaines de milliers d'Algériens aient perdu la vie en résistant à la loi islamique? Et si l'Islam est la source du problème, aucune stratégie gagnante n'est envisageable non plus. Car cela impliquerait que le milliard et quelque de Musulmans que compte la planète, dont plusieurs millions vivent en Occident, sont nos ennemis à jamais. Il nous faudrait donc les convertir ou les isoler, deux objectifs totalement irréalistes.

Désigner l'Islam comme l'ennemi crée une situation d'affrontement permanent entre les civilisations qui ne saurait déboucher sur une issue positive.

Bref, pointer du doigt le terrorisme ou l'Islam ne nous aide en rien ni à expliquer le problème actuel ni à lui trouver des solutions.

Mais il y a une troisième manière d'approcher la question qui satisfait à ces deux critères. Le coeur du problème n'est pas l'Islam lui-même mais une variante extrémiste de cette religion centenaire. L'Islam militant dérive de l'Islam mais il n'en constitue qu'une version, misanthrope, misogyne, triomphaliste, millénariste, anti-moderne, anti-chrétienne, antisémite, djihadiste et suicidaire.

Fort heureusement, elle ne séduit que 10 à 15% des Musulmans, c'est-à-dire qu'une large majorité d'entre eux préfèrent une version plus modérée de l'Islam.

Cela nous mène à une stratégie simple et efficace: affaiblir l'Islam militant dans le monde et renforcer les alternatives modérées. Le combattre aux niveaux militaire, diplomatique, juridique, intellectuel et religieux. Le combattre en Afghanistan, en Arabie Saoudite, aux États-Unis, tout simplement partout.

Les Musulmans modérés seront des alliés essentiels dans cette lutte. Certes, actuellement, ils sont faibles et intimidés, mais leur participation sera cruciale dans l'effort qui permettra à l'Islam de surmonter cet accès de radicalisme.

Si le gouvernement des États-Unis les aide, ils peuvent devenir une force formidable (à l'image de l'Alliance du nord afghane qui semblait jouer de malheur il y a quelques mois, et qui aujourd'hui dirige le pays).

Pour empêcher de nuire et, finalement, pour vaincre cet ennemi déterminé, les Américains n'ont d'autre choix que de concentrer leur action sur l'Islam militant.


N'ayez par peur (Deutéronome 1:29)
Je conteste la validité, et conséquemment les résultats d’une raison cultivée par tout procédé spécial autre que la logique abstraite (Edgar Allan Poe, La lettre volée)
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